Quatre maisons parisiennes, spécialistes des ventes sur offres, un système de vente aux enchères par correspondance, organisent des ventes sur catalogue dans les prochains jours.
Le Timbre classique disperse 6 516 lots, essentiellement tournés vers la France, dans une vente clôturée mardi 23 septembre. Le catalogue ouvre sur quelques bons « classiques », des timbres émis au XIXe siècle, comme un 1 franc vermillon foncé, détaché, oblitéré d’une grille, mis à prix à 6 000 euros, ou encore une lettre proposée à 4 000 euros, affranchie d’un 1 franc carmin et d’une paire de 10 centimes bistre, oblitérés de gros points sur lettre de Paris du 20 mars 1854 pour Saint-Denis (La Réunion), insuffisamment affranchie pour la voie anglaise, avec deux griffes d’insuffisance annulées.
La lettre a été transmise au Havre (cachet rouge) pour être expédiée par la voie des bâtiments de commerce.
Un pli transporté par ballon monté (le Victor-Hugo) de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, avec le cachet rouge des aérostiers Nadar, Dartois et Duruof, d’octobre 1870, pour Putot (Calvados), avec cachets de transit de Mézidon et de Dozulé, démarre à 2 000 euros.
Pour les semi-modernes, on retiendra :
– bloc de dix non dentelé du 2 francs violet et jaune au type « Merson », prix de départ à 6 000 euros ;

– bloc de 25 du 30 centimes violet très foncé au type Mouchon, au verso cachet de la direction du matériel et de la construction, avec mention manuscrite « teinte choisie par M. le sous-secrétaire d’Etat le 3 juin 1902 », à 4 000 euros.
Quelques spectaculaires défauts d’impression, des « variétés », selon la terminologie adoptée par les philatélistes, affectant des timbres modernes sont proposés à la vente, dont on retiendra les absences de valeur… qui en font tout le prix :
– « Coq » de Decaris, bloc de quatre, avec coin daté (10 octobre 1963), sans le bleu, absence de la valeur (0,25 franc), prix de départ à 1 500 euros ;
– « Agam » (série artistique, 1980), couleur noire omise, entraînant l’absence de valeur (4 francs) et de légende, 600 euros ;

– « Peynet-La Saint-Valentin » (1985), imprimé sans sa valeur faciale (2,10 francs), 6 500 euros ;
– « Arènes de Nîmes » (2002), valeur faciale (0,46 euro) et légende omises, 2 000 euros ;

– bloc-feuillet Jeux olympiques « Beijing » (2008), noir partiellement absent, quatre timbres sans valeur faciale (0,55 euro), 2 000 euros.


Plusieurs versions du bloc-feuillet sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (bicentenaire de la Révolution, 1989) sont proposées avec légende du bas quasi absente (compter 500 euros), « piquage » (dentelure) double (400 euros), texte imprimé de travers et non dentelé (1 000 euros) et impression du texte recto verso (600 euros)… Pas mal pour 20 francs de faciale…

Les amateurs des œuvres timbrées d’Albert Decaris (1901-1988) se rabattront, à 500 euros, sur une maquette à la mine de plomb du paquebot Normandie (1935), un projet non émis signé du dessinateur et graveur ; à 1 000 euros, un ensemble signé de projets sur le « Paquebot Pasteur » (1941) ou, à 500 euros, un projet non émis de son « Coq » d’usage courant (1962).

Ex-colonies françaises, la maquette au crayon du même artiste, signée, d’un non-émis sur l’« Exposition internationale. Paris 1937. Colonies » (grandes séries coloniales), pointe à 300 euros.

On termine sur un lot des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), un bon lot pour se lancer dans une collection, environ 3 200 plis des TAAF (1975-2006), « avec affranchissements variés dont bonnes valeurs », à partir de 2 000 euros.
Roumet
La maison Roumet clôture sa vente de rentrée mardi 30 septembre : près de 2 600 lots, essentiellement de France et de ses ex-colonies.
En vedette, qui fait la couverture du catalogue, une magnifique paire tête-bêche verticale du 80 centimes carmin du Second Empire de 1854, non dentelé, « seule pièce connue », selon le vendeur, qui lui vaut un prix de départ de 200 000 euros.

Cette pièce parvient à faire de l’ombre à un 1 franc vermillon vif, à 50 000 euros, qui laisse apparaître dans sa marge inférieure le haut d’un timbre voisin…

Une bonne rubrique de poste aérienne propose un pli de la ligne Mermoz, de la première traversée commerciale de l’Atlantique Sud par hydravion de l’Aéropostale (1930), avec les signatures des trois pilotes, Jean Mermoz, Jean Dabry et Léopold Gimié (800 euros).

On trouvera d’autres plis témoins des grandes heures de la poste aérienne, signés Charles de Verneilh, Dieudonné Costes, Maurice Bellonte, ainsi qu’une lettre du vol record autour du monde par Howard Hughes (juillet 1938).
On passe aux ex-colonies françaises, avec un 4 centimes gris « Cérès » des colonies générales à 3 500 euros.
France libre (« France combattante. Aide aux résistants. Comité français de la libération nationale »), un essai de couleur non dentelé en jaune-olive et bleu foncé (1,50 + 98,50 francs), feuille complète de dix exemplaires avec croix de Lorraine, « sans doute unique dans cette couleur », pointe à 2 200 euros.

Curieux, à la rubrique Afrique-Equatoriale française, une « épreuve d’essai héliogravée de la série de 1937, 15 exemplaires non émis dont certains avec légende poste aérienne, sans la faciale, sur carton spécial », légendée « Atelier spécial de timbres-poste/et de travaux fiduciaires », est à 1 000 euros.
Une autre épreuve semblable, avec les timbres Savorgnan de Brazza, Emile Gentil et Paul Crampel, légendée « Imprimerie de Vaugirard/152, rue de Vaugirard/Paris XIVe/Adresse télégraphique : Vaugirard-Paris ».

Pour Nossi-Bé, une erreur de valeur, 0,25 (au lieu de 0,15) surchargé sur 20 centimes brique sur vert, bord de feuille, est à 19 500 euros.
Une très belle feuille complète de 75 exemplaires du 50 centimes surchargé sur 45 centimes violet et orange (baie de Saint-Denis) de La Réunion à 16 000 euros précède une belle série de lots consacrés à Saint-Pierre-et-Miquelon.

La vente se termine par quelques bonnes pièces du monde entier, comme pour la Guyane britannique, un 12 cents noir sur bleu de 1850-1851, avec initiales EDW, oblitéré, à partir de 4 500 euros, ou, pour la Suisse, parmi une cinquantaine de lots, un « demi-double droit » de Genève sur lettre locale du 22 octobre 1844, à 4 000 euros, et une vignette de franchise « Miliaires français/internés en Suisse/Gratis » rose, sur lettre d’un prisonnier de l’armée de Bourbaki avec texte de Frauenfeld (14 novembre 1871) pour Bourges, à partir de 200 euros…

La Postale Philatélie
Troisième vente sur offres, clôturée mardi 7 octobre, organisée par La Postale Philatélie. Les enchères à cinq chiffres bénéficient d’abord aux « classiques » de France, comme cette lettre de Paris pour le Mexique, du 30 septembre 1851, revêtue d’une paire du 25 centimes bleu et de 1 franc carmin en bande de sept avec tête-bêche au centre et de deux bandes de trois, mise à prix à 65 000 euros.

Une sélection de 1 franc vermillon propose des prix allant de 3 600 euros à 21 000 euros (pour un 1 franc « vervelle », bord de feuille).
A 65 000 euros, on trouve un bloc de neuf au type « Cérès » du 20 centimes bleu sur jaunâtre (un timbre non émis), avec un tête-bêche, bord de feuille.

Parmi quelques bons prix :
– 25 000 euros : « Empire » non dentelé, 1 franc carmin nuance foncée, bloc de quatre, coin de feuille avec filet d’encadrement ;
– 27 000 euros : 1 franc carmin, bloc de quatre, bord de feuille latéral, avec filet d’encadrement ;

– 23 000 euros : « Empire » dentelé, 20 centimes bleu surchargé « Spécimen », bloc de quatre avec tête-bêche, bord de feuille ;
– émission de « Bordeaux », 2 centimes « Cérès » non dentelé chocolat clair, bloc de 15 exemplaires ;
– 100 000 euros : émission de « Bordeaux », 5 centimes vert-jaune (« report I »), bloc de 15 exemplaires (le même, mais en bloc de quatre, à 34 000 euros) ;

– 20 000 euros : « Cérès » de 1871, 15 centimes bistre, paire tête-bêche verticale, bord de feuille latéral ;
– 70 000 euros : type « Sage », 25 centimes outremer vif (type I), bloc de quatre avec bord de feuille latéral, « centrage parfait » ;
– 50 000 euros : type « Sage », timbre non émis, 20 centimes bleu (type I), « la totalité du tirage, imprimé en décembre 1876, fut détruite par l’administration le 24 février 1880. Quelques exemplaires subsistent » ;

– 17 000 euros : type « Sage », 5 francs lilas rose sur lilas pâle, panneau de 50 exemplaires sans millésime, tirage de 1890.
Pour les semi-classiques, on trouve les incontournables « Pont du Gard » (dont une feuille complète du 30 octobre 1931, à 3 300 euros), « Paquebot Pasteur » sans sa surcharge (28 000 euros), plusieurs « Marianne » non émises (Roger Excoffon, Pierre Béquet, Claude Durrens), timbres surchargés pour le paquebot Ile-de-France, détachés ou sur lettres (jusqu’à 23 000 euros), rares préoblitérés, etc.
Pour les variétés, le « Peynet-La Saint-Valentin » sans sa valeur faciale est ici à 6 500 euros au minimum.
Les ex-colonies françaises ne sont pas en reste, avec un timbre du Maroc (poste locale, Mazagan à Marrakech) au type « Coucher du soleil au-delà de l’Atlas », rare erreur de couleur 50 centimes bleu (impression dans la couleur du 10 centimes), à 10 000 euros (un exemplaire vendu chez Feldman, en Suisse, à 7 200 euros en 2023).

Un 15 centimes noir sur azuré de La Réunion (le numéro un du territoire) est à 26 000 euros.
Enfin, pour l’Andorre, un 20 centimes outremer non émis « Vallées d’Andorre » culmine à 15 000 euros.
Behr
On termine avec la vente Behr de près de 3 000 lots, clôturée jeudi 9 octobre.
La force de ce spécialiste réside dans la qualité des « classiques » qu’il présente régulièrement.

Ainsi en est-il de cette paire (légèrement touchée) du 15 centimes vert « Cérès » de 1849-1850, sur lettre chargée, frappée du cachet à date du bureau central (60) du 30 septembre 1850 en rouge, en port local. « Une des seules pièces vues à ce jour », selon le vendeur. Mise à prix à 22 000 euros.
Un bloc de quatre du 40 centimes orange est affiché au prix de 28 000 euros.

Comptez 86 500 euros pour un 1 franc vermillon, parmi une douzaine de pièces présentées, avec bord de feuille, le timbre vedette de la collection de France, et surtout 225 000 euros pour un bloc de quatre du 1 franc vermillon dans sa teinte « vervelle », avec de grandes marges…

On continue avec des enchères à cinq chiffres :
– « Empire » lauré (1863-1870), 4 centimes gris, bloc de six avec tête-bêche, à 35 000 euros ;
– 5 francs « Empire » violet-gris, bloc de quatre non dentelé, 60 000 euros ;

– émission de « Bordeaux », bloc de quatre du 20 centimes outremer (type II, report III), 27 500 euros.

La guerre franco-allemande de 1870-1871 enregistre de bonnes cotes, comme pour ce courrier transporté par ballon monté, le Neptune, à 50 000 euros, ou cette « boule de Moulins », affranchie d’un 80 centimes lauré et d’un 20 centimes bleu (émission de « Bordeaux »), cachet à date de Brissac, du 31 décembre 1870, à destination de Paris, par Moulins, cachet d’arrivée à Paris, le 26 août 1871, à partir de 16 000 euros.
France, modernes, le « Paquebot Pasteur » sans sa surcharge est affiché à 54 000 euros, quand La Postale Philatélie (voir plus haut) le met à prix à 28 000 euros…
Pour 20 000 euros, les amateurs pourront se positionner sur un bloc de 30 du 40 centimes « Semeuse » violet, avec un rare accident de dentelure en cours d’impression rotative.

Puis on trouve un 10 francs Citex (1949) noir – au lieu de rouge –, à partir de 8 000 euros, timbre qui avait été proposé à 3 000 euros (mais pas en bord de feuille) par La Postale Philatélie en avril.

Pour les ex-colonies françaises, à Madagascar (belle rubrique), un magnifique feuillet complet de dix exemplaires du 5 francs de 1891 (« deux blocs neufs connus ») débute à 20 000 euros.

Pour le reste du monde, Behr a habitué les collectionneurs à de grosses cotes, une tradition qui se confirme :
– 185 000, Grande-Bretagne, bloc de quatre du « Black Penny » (lettres EK-FL) ;
– 225 000 euros, Grande-Bretagne, bloc de quatre du « Penny Black » (1840), timbres de service (« VR Official ») ;

– 220 000 euros, Turquie, 2 pi. « Asia Minor/S.S.C° » vert, oblitéré, sur lettre à destination de Samos (Grèce) portant le cachet « Bell’s/Asia Minor/Steamship Co/Smyrna Agency » en bleu…

Mais si ces sommes paraissent mirobolantes, il est possible de se faire plaisir, à moindre coût, avec des timbres vendus dans les bureaux de poste, aux qualités graphiques incontestables, comme, depuis le 22 septembre, ce carnet de 12, vendu à 16,68 euros, illustré par des motifs décoratifs créés par Edouard Bénédictus (1878-1930) et Jean Saudé (1872-1931), ou encore, à partir du lundi 29 septembre, cette vignette à 2,78 euros créée par Jérôme Mesnager, une figure du street art, reproduisant un tableau intitulé Merci, facteur !

Ce dernier timbre sera mis en vente en avant-première les vendredi 26 et samedi 27 septembre à Paris, de 10 heures à 19 heures, au Carré d’Encre, 13 bis, rue des Mathurins, dans le 9e arrondissement.
Le Timbre classique, 4, rue Drouot, Paris 9e. Ouvert du lundi au vendredi de 9 heures 30 à 13 heures et de 14 heures à 18 heures. Vente clôturée mardi 23 septembre. Courriel : [email protected]. Tél. : 01-42-46-63-72.
Roumet, 17, rue Drouot, Paris 9e. Vente clôturée le 30 septembre. Tél. : 01-47-70-00-56. Courriel : [email protected].
La Postale Philatélie, 55, passage des Panoramas, Paris 2e. Vente clôturée le 7 octobre. Tél. : 01-40-26-63-03.
Behr Philatélie, 18, rue Drouot, Paris 9e. Vente clôturée le 9 octobre. Tél. : 01-40-22-00-42 et courriel : [email protected]