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Histoires Web samedi, septembre 21
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Dix-sept ans ! L’écart séparant Viva tu, le nouvel album de Manu Chao, de son prédécesseur, La Radiolina (2007), est presque celui d’une génération. Le retour discographique de cette figure iconique de la scène rock alternative française, devenue star internationale plusieurs années avant le triomphe de la French touch, est donc un événement de taille. Pas une révolution portée par l’excitation du changement, mais de réconfortantes retrouvailles. Soit treize chansons inédites aux ambiances familières, fidèles à l’éthique et à l’esthétique d’un troubadour altermondialiste qui n’avait, après tout, jamais disparu.

Sa présence s’exprimait régulièrement sur scène, des bars des barrios (« quartiers ») de Barcelone (Espagne) – où il s’est installé depuis les années 1990 – aux salles à taille humaine et aux festivals atypiques du monde entier. Régulièrement, le globe-trotteur franco-espagnol envoyait des cartes postales sonores, bricolées à la maison ou enregistrées live, mises en ligne gratuitement sur son site. Il collaborait aussi avec des artistes de rencontre (Calypso Rose, Bomba Estereo, Amadou et Mariam, la Grecque Klelia Renesi…), gravant sa patte, reconnaissable entre toutes.

Même quand il ne donnait plus de nouvelles, notre mémoire collective se chargeait de ne pas l’oublier. Des hymnes rock latino de Mano Negra (Mala vida, Pas assez de toi, King of Bongo, Out of Time Man…), son groupe de 1987 à 1994, aux ritournelles de sa carrière solo (Clandestino, Mentira, Me gustas tu, Je ne t’aime plus…), son répertoire a laissé suffisamment de classiques pour traverser les générations. D’autant que son art de la tournerie et du gimmick qui fait mouche s’est parfaitement adapté à l’ère de réseaux sociaux avides de concision musicale.

Ecologie musicale

Ces dernières années ont ainsi fleuri nombre de tendances illustrées par des extraits de Me gustas tu, Bongo Bong ou Clandestino, tirés des versions originales ou remixés en version accélérée (sped up). Dernier exemple en date, un mélange de Me gustas tu et de Missili, tube italien chanté par Frah Quintale et Giorgio Poi, a servi de bande-son pour les contenus de tiktokeurs, tels TioMusic et Megaamerican, générant des millions de vues. Pas un hasard, sans doute, si, avec 11,6 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, Manu Chao dépasse aujourd’hui Aya Nakamura (9,8 millions).

Viva tu ne devrait pas inverser la tendance. Manu Chao y poursuit son éloge de l’artisanat, en limitant encore le nombre d’outils l’aidant à façonner son ouvrage. Quelques six-cordes – souvent jouées, avec élégance, par l’Argentin Lucky Salvadori –, quelques percussions, un trombone minimal par-ci, un accordéon et un harmonica par-là, une touche de bidouillages électroniques plus rustiques encore qu’une guitare sèche… Militant des concerts de proximité (dorénavant donnés en trio acoustique), Manu Chao enregistre des chansons qui semblent s’inviter chez l’auditeur, en voisin de quartier ou de palier.

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