Des militants et des élus socialistes ont été agressés lors de la manifestation parisienne du 1er-Mai parce « qu’ils sont socialistes et parce que certains d’entre eux sont juifs », a accusé, vendredi 2 mai, le premier secrétaire délégué du Parti socialiste (PS), Nicolas Mayer-Rossignol. Les incidents se sont produits au niveau du stand installé par le parti sur le parcours. Des manifestants habillés de noir, certains portant des drapeaux antifas, ont vivement bousculé des élus et des militants. Le ministère de l’intérieur a fait état de quatre blessés légers parmi les socialistes. Le PS a porté plainte et, selon le parquet, une personne a été placée en garde à vue.
« Il y a eu d’abord des insultes, des menaces verbales (…). Et puis sont arrivés des lâches encagoulés, vêtus de noir et qui ont carrément agressé physiquement les militants et les élus socialistes. Pourquoi ? Un parce qu’ils sont socialistes, et deux parce que certains d’entre eux sont juifs », a dénoncé M. Mayer-Rossignol sur Sud Radio. « Il y a eu des tirs de mortier (…). On a des copains qui se sont retrouvés aux urgences, qui ont été blessés. Ca aurait pu être extrêmement grave », a également jugé le maire de Rouen, numéro deux du PS et concurrent d’Olivier Faure pour le prochain congrès du parti, en juin.
Le député Jérôme Guedj, de confession juive, a dû être écarté du cortège après avoir été « de nouveau la cible d’insultes antisémites », selon la première secrétaire de la fédération socialiste de Paris, Lamia El Aaraje. M. Guedj avait déjà dû quitter un rassemblement dimanche contre l’islamophobie organisé à la suite du meurtre d’un fidèle dans une mosquée du Gard.
« Tout cela est cohérent avec la détestation qu’ils [les agresseurs] ont à l’endroit des socialistes et à mon endroit singulier », a déclaré M. Guedj, pour qui « cela pue l’antisémitisme ».
Jérôme Guedj regrette ne pas avoir été contacté par Olivier Faure
L’épisode crée une forte émotion et de la tension à gauche. M. Mayer-Rossignol a regretté de ne pas avoir « vu de marque claire de soutien particulièrement à Jérôme Guedj » de la part de La France insoumise (LFI) et a dénoncé « le climat » entretenu « par la stratégie de fracturation et de brutalisation du débat public » du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. « Merci aux médias d’arrêter de nous imputer n’importe quelle action contre un tel ou une telle dans les manifestations parisiennes, avait réagi le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, jeudi soir sur X. Nous ne sommes pas d’accord avec le fait que l’on règle des désaccords politiques comme cela. »
Jeudi soir, la cheffe de file des Ecologistes, Marine Tondelier, avait semé le trouble après avoir refusé de répondre à une question de RTL qui lui demandait si la prise à partie de M. Guedj relevait d’un antisémitisme d’extrême gauche, et après avoir laissé entendre que le socialiste avait un comportement un peu provocateur. « Je vois aussi comment Jérôme Guedj donne rendez-vous, vient avec vingt journalistes », avait-elle déclaré. Elle a finalement présenté des excuses vendredi matin, expliquant avoir été mal informée des incidents.
Même au sein du PS, le climat est tendu. M. Guedj, qui est dans le camp des opposants à M. Faure pour le prochain congrès, s’en est ainsi pris sur X à l’actuel premier secrétaire qui n’a pas eu « un appel ni hier ni depuis dimanche pour le porte-parole du PS qu[’il est] ».
Plusieurs personnalités de gauche ont par ailleurs apporté leur soutien au député socialiste. « Il faut être clair, je soutiens Jérôme Guedj », a notamment déclaré Clémentine Autain, députée du groupe Ecologiste et social, sur RTL. « Il y a des actes d’antisémitisme en France, je les condamne tous sans réserve y compris les violences dont peut faire l’objet Jérôme Guedj », a renchéri sur Franceinfo Lucie Castets, qui avait été proposée comme candidate à Matignon par le Nouveau Front populaire à l’été 2024.