Plusieurs centaines de personnes ont manifesté, mardi 11 mars, à Paris contre l’« austérité » dans l’enseignement supérieur, à l’appel d’une large intersyndicale. « Nous étions 2 500 à Paris, plus de 1 000 à Rennes et 500 Toulouse, largement au-delà de 5 000 personnes mobilisées en France », a estimé la secrétaire générale du Snesup-FSU, Anne Roger, interrogée par l’Agence France-Presse (AFP).
Des étudiants et enseignants, représentants des principaux syndicats (Snesup, CFDT, CGT, Unsa, Sud), organisations étudiantes (Union étudiante, Fage, Unef) ou encore de la fédération de parents FCPE se sont réunis place de la Sorbonne au moment où se tenait une réunion du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (Cneser), organe consultatif qui émet des avis sur les politiques universitaires. Les manifestants ont ensuite arpenté le boulevard Saint-Michel jusqu’au jardin du Luxembourg.
Sur les pancartes, on pouvait lire « 413 milliards pour l’armée, rien pour étudier », « suppression des filières, grève de l’ESR », acronyme d’Enseignement supérieur et recherche.
« Des salles de cours qui partent en lambeaux »
« On attend une prise de conscience de l’ensemble de la population française, mais surtout de nos hommes et femmes politiques, sur la situation de l’enseignement supérieur et de la recherche, notamment en ce qui concerne le budget alloué depuis plusieurs années et largement insuffisant », a expliqué à l’AFP Caroline Mauriat, co-secrétaire générale du Snesup-FSU, principal syndicat du supérieur. « Les deux dernières années ont été dramatiques, et nous amènent dans le mur, à savoir des universités en déficit, qui vont être obligées de faire des choix » douloureux en réduisant les capacités d’accueil ou en fermant des formations.
Au total, en prenant en compte les contributions aux pensions de l’Etat, les crédits de paiement du budget de l’enseignement supérieur atteignent 30,9 milliards d’euros en 2025, contre 31,8 milliards d’euros en 2024. « On demande 8 milliards dès cette année (…) pour financer la recherche » ou rénover des bâtiments souvent vétustes, a ajouté Mme Mauriat.
Isabel Boni, maîtresse de conférence à Paris VIII en sociologie, décrit ainsi « des salles de cours qui partent en lambeaux ». Matar, étudiant en 4e année de philosophie, s’insurge contre les conditions d’étude : « Dans les salles, il n’y a plus de place pour s’asseoir. Comme les contrats ne sont pas renouvelés, il manque des profs et certains chargés de travaux dirigés croulent sous le travail. Du coup, il y a pas mal d’arrêts maladie ». Il craint également que la diminution des places, notamment en master, se traduise par un « tri entre élèves de plus en plus radical » et des perspectives d’avenir incertaines.