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Histoires Web samedi, juillet 27
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Comme prévu, les députés de Rêve géorgien, le parti au pouvoir en Géorgie, ont adopté, mardi 14 mai, le projet de loi controversé sur l’« influence étrangère » alors que des milliers de manifestants protestaient devant le Parlement contre ce texte, très critiqué car similaire à une loi adoptée par la Douma en 2012 pour faire taire les voix critiques du régime de Poutine.

Massés sur les marches de l’édifice, les plus hardis des protestataires ont tenté d’entrer en force dans l’hémicycle où, entre deux bagarres et quelques bordées de jurons, les députés ont fini par adopter le texte définitif dans l’après-midi, par quatre-vingt-quatre voix contre trente.

Le gouvernement a beau affirmer que la loi vise à promouvoir la transparence des sources de financement des organisations non gouvernementales et des médias indépendants, les opposants estiment qu’elle limitera forcément leur action. Dans un discours prononcé mardi, Archil Talakvadze, député de Rêve géorgien, a accusé l’opposition d’« utiliser les manifestations à des fins politiques », de miser sur une « tournure radicale ». La députée d’opposition Ana Tsitlidze, du Mouvement national uni, a rétorqué que les manifestations montraient, au contraire, à quel point la Géorgie était unie « dans la lutte pour son avenir européen ».

Au Parlement géorgien, une bagarre d’élus autour du vote de la loi sur « l’influence étrangère », à Tbilissi, le 14 mai 2024.
Des manifestants anti-loi sur « l’influence étrangère » devant la barrière protégeant les portes du Parlement,   à Tbilissi, le 14 mai 2024. Des manifestants anti-loi sur « l’influence étrangère » devant la barrière protégeant les portes du Parlement,   à Tbilissi, le 14 mai 2024.

Pour entrer en vigueur, le texte doit désormais être signé par la présidente, Salomé Zourabichvili. Ayant pris fait et cause pour les manifestants, l’ancienne diplomate française, s’est engagée à opposer son veto à la loi, mais Rêve géorgien, majoritaire au Parlement, dit pouvoir passer outre. « C’est vrai, le veto de la présidente sera certainement surmonté, on le sait. Il n’empêche, ça sera une claque majeure pour le parti au pouvoir qui risque d’aborder les législatives [prévues pour octobre] en position de faiblesse », prédit Temo Kapatava, un employé de la télévision d’opposition Girchi.

Le quadragénaire est de toutes les manifestations, « je n’en ai pas raté une seule ! » Il reproche à l’actuel gouvernement d’être trop mou sur les réformes. « Si Rêve géorgien n’avait pas sorti le pays de la voie sur laquelle il se trouvait, celle des réformes engagées par le pouvoir précédent, on serait dans une situation beaucoup plus favorable aujourd’hui. Avant nous étions champions en matière de réformes et d’innovation et maintenant on stagne. L’Arménie et la Moldavie sont bien plus avancées que nous à l’heure actuelle pour bâtir une société démocratique et pluraliste », estime-t-il.

Manifestation contre la loi sur « l’influence étrangère », sur la Place des héros, dans le centre de Tbilissi, Géorgie, le 14 mai 2024. Manifestation contre la loi sur « l’influence étrangère », sur la Place des héros, dans le centre de Tbilissi, Géorgie, le 14 mai 2024.

Une fois la loi adoptée, les rangs des manifestants se sont étoffés. Jusque tard dans la nuit, des dizaines de milliers de personnes, jeunes et moins jeunes, ont défilé bruyamment dans les rues, essayant de couper la circulation en plusieurs points de la capitale. A l’aube, on apprenait que treize personnes avaient été interpellées.

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