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Quatre hommes de nationalité bulgare doivent être jugés à partir de mercredi 29 octobre par le tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire des mains rouges taguées en mai 2024 sur le Mémorial de la Shoah, sur laquelle plane le spectre d’une ingérence étrangère.

Ce dossier fait partie d’une série de tentatives de déstabilisation visant à « semer le trouble » et « créer des fractures » dans la population française, avait affirmé en septembre la procureure de Paris, Laure Beccuau.

Elle citait neuf affaires au total liées à des ingérences étrangères, et parmi elles : les étoiles de David bleues taguées en région parisienne en octobre 2023 ; les cercueils déposés au pied de la tour Eiffel couverts du drapeau français et portant la mention « soldats français de l’Ukraine » en juin 2024 ; ou plus récemment, en septembre, les têtes de cochon déposées devant plusieurs mosquées d’Ile-de-France.

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Pour les tags de mains rouges, trois personnes sont en détention provisoire depuis leur extradition de Croatie et de Bulgarie. Une quatrième, « en fuite, fait l’objet d’un mandat d’arrêt et pourra être jugée en son absence », avait précisé le parquet en juillet.

Trois prévenus doivent répondre de dégradations en réunion et en raison de la prétendue appartenance à une race, ethnie ou religion, ainsi que pour association de malfaiteurs. La quatrième personne, soupçonnée d’avoir effectué les réservations d’hébergement et de transports des auteurs principaux, est poursuivie pour la complicité des dégradations aggravées et pour association de malfaiteurs. Au terme de leur procès, qui doit durer trois jours, tous encourent sept ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

Images de vidéosurveillance

Dans la nuit du 13 au 14 mai 2024, 35 tags représentant des mains rouges – symbole pouvant être lié au lynchage de soldats israéliens à Ramallah, en Cisjordanie, en 2000 – avaient été peints sur le Mur des Justes du Mémorial de la Shoah.

Plusieurs dizaines de tags similaires avaient été découverts sur des murs dans les 4e et 5arrondissements de la capitale. Un agent de sécurité du Mémorial de la Shoah « avait surpris deux personnes » en train d’« apposer des pochoirs, et prendre la fuite à son arrivée », avait relaté le parquet.

Les suspects ont été identifiés grâce à l’analyse des images de vidéosurveillance, de leurs lignes téléphoniques, des réservations de vols et d’un hôtel. Trois d’entre eux avaient pris un bus pour Bruxelles le 14 mai juste après les faits, puis un vol pour Sofia.

« Mon client n’était qu’un simple suiveur, il n’était qu’une pièce rapportée et n’avait pas du tout conscience du lieu concerné. Pour lui, c’était une simple dégradation sans conséquence », avait précisé cet été à l’Agence France-Presse (AFP) Camille Di Tella, qui défend l’un des suspects.

« L’instruction n’a malheureusement pas permis la mise en cause du principal suspect, toujours en fuite et dont l’absence est un vrai problème », avait réagi auprès de l’AFP Martin Vettes, autre avocat de la défense.

La piste russe envisagée

Au cours de l’information judiciaire s’est dessinée « l’hypothèse que cette action était susceptible de correspondre à une action de déstabilisation de la France orchestrée par les services de renseignement russe », avait estimé le parquet.

Cette action s’intégrait dans « une stratégie plus large visant à diffuser de fausses informations et également à diviser l’opinion française ou attiser les tensions internes en faisant appel à des “proxies”, c’est-à-dire des personnes qui ne travaillent pas pour ces services mais sont rémunérées par eux pour des tâches ponctuelles par le biais d’intermédiaires, notamment dans des pays voisins de la Russie », avait-il ajouté.

Le service Viginum, chargé de la lutte contre les ingérences numériques étrangères, avait observé « une instrumentalisation » de cette affaire sur le réseau social X « par des acteurs liés à la Russie ». Cette opération avait été « conduite par le dispositif d’influence russe RRN [Recent Reliable News] à travers un réseau de plusieurs milliers de comptes inauthentiques sur Twitter et par un pseudo-média français créé par RRN intitulé “Artichoc” », selon le parquet.

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Le Monde avec AFP

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