Il s’agit d’une nouvelle illustration des va-et-vient de la justice face à l’administration Trump. Un juge fédéral est finalement revenu, vendredi 13 juin, sur sa demande de libération de Mahmoud Khalil, ce leader des manifestations propalestiniennes sur le campus de Columbia, détenu depuis trois mois en attente de son expulsion, va rester en détention.
Mercredi, le juge Michael Farbiarz du tribunal fédéral du New Jersey, près de New York, avait pris une ordonnance considérant que le gouvernement ne pouvait détenir ou expulser M. Khalil en se basant sur les seules affirmations du secrétaire d’Etat, Marco Rubio, selon lesquelles sa présence sur le sol américain posait une menace à la sécurité des Etats-Unis.
Le juge avait donné au gouvernement jusqu’à vendredi matin, une échéance finalement repoussée à l’après-midi, pour libérer M. Khalil. Or vendredi après-midi, les autorités américaines n’avaient toujours pas rendu sa liberté à l’ancien étudiant. Elles ont déclaré, dans des documents judiciaires, qu’elles n’avaient pas l’intention de le faire.
Le même juge Michael Fabiarz a finalement autorisé de fait vendredi après-midi son maintien en détention car il « est détenu sur un autre, second chef d’accusation », peut-on lire dans sa décision. Selon la presse américaine, il lui est reproché de ne pas avoir fourni certaines informations sur son travail ou son engagement dans la campagne de boycott d’Israël pour obtenir son titre de résident permanent.
« La cour n’a jamais jugé qu’il serait illégal pour les défendeurs [le gouvernement] de détenir Khalil sur la base d’une autre accusation menant à son expulsion », avait écrit l’avocat du ministère américain de la justice pour contester la demande de remise en liberté de M. Khalil. En clair, les autorités américaines estimaient pouvoir continuer de détenir, puis d’expulser, le leader propalestinien sur un autre motif que les affirmations du secrétaire d’Etat, Marco Rubio.
Un symbole
Mahmoud Khalil avait été arrêté à New York le 8 mars pour son rôle de porte-parole de la contestation contre la guerre à Gaza sur le campus new-yorkais. Il est aussitôt devenu le symbole de la volonté du président américain de museler ce mouvement étudiant, qui relève, selon lui, de l’antisémitisme.
Après son interpellation par la police fédérale de l’immigration (ICE), Mahmoud Khalil, né en Syrie de parents palestiniens, jeune diplômé et titulaire d’une carte verte de résident permanent, avait été transféré à près de 2 000 km dans un centre de détention de Louisiane, en vue de son expulsion.
Son épouse, Noor Abdalla, une dentiste née au Michigan, a récemment donné naissance à leur fils alors que son époux était en détention.