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Mahmoud Khalil pourrait sortir de prison dès cette semaine. Un juge fédéral a décidé, mercredi 11 juin, que la détention de l’ancien étudiant de Columbia, militant propalestinien, porte atteinte de manière « irréparable » à sa carrière, sa famille et à son droit à la liberté d’expression. Mais M. Khalil, un résident légal des Etats-Unis, restera en détention au moins jusqu’à vendredi matin, le juge fédéral américain de l’Etat du New Jersey Michael Farbiarz ayant suspendu son ordonnance afin de laisser à l’administration Trump le temps de faire appel.

« La décision du tribunal constitue la plus importante défense des droits de Mahmoud à ce jour, a déclaré Ramzi Kassem, l’un des avocats du militant propalestinien. Mais nous ne serons pas tirés d’affaire tant que Mahmoud ne sera pas libre et de retour chez lui avec sa femme et son enfant. »

Noor Abdalla, l’épouse de Mahmoud Khalil, citoyenne américaine, a exprimé l’espoir qu’il puisse être renvoyé à New York à temps pour profiter de sa première fête des pères avec son fils, Deen, né pendant que l’ex-étudiant était emprisonné dans un centre de détention fédéral à Jena, en Louisiane. « C’est la nouvelle que nous attendions depuis plus de trois mois », a-t-elle déclaré dans un communiqué publié par l’influente association des droits civiques ACLU.

Le secrétaire à la sécurité intérieure américain a confirmé que l’administration avait l’intention de faire appel. « La décision d’aujourd’hui retarde la justice et vise à saper les pouvoirs constitutionnels conférés au président par l’article 2 [de la Constitution américaine], a déclaré une porte-parole, Tricia McLaughlin, dans un communiqué. Nous attendons d’une juridiction supérieure qu’elle nous donne raison. »

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Mahmoud Khalil a été arrêté par des agents fédéraux de l’immigration le 8 mars dans le hall de son appartement universitaire. Il s’agissait de la première arrestation dans le cadre de la répression menée par le président Donald Trump contre les étudiants qui participaient aux manifestations contre la guerre à Gaza sur le campus. Il a ensuite été emmené par avion à des milliers de kilomètres de là, en Louisiane. Ses avocats ont contesté la légalité de sa détention, accusant l’administration Trump de tenter de réprimer la liberté d’expression.

« Liberté d’expression entravée »

Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a affirmé qu’il pouvait expulser Mahmoud Khalil, citant une loi rarement utilisée qui lui donne ce pouvoir contre ceux qui représentent « des conséquences potentiellement graves pour la politique étrangère des Etats-Unis ». Le juge Michael Farbiarz avait précédemment statué que l’expulsion de l’activiste des Etats-Unis pour ces motifs était « probablement inconstitutionnelle ».

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Dans sa nouvelle décision rendue mercredi, Michael Farbiarz a cité la déclaration de Mahmoud Khalil au tribunal la semaine dernière, selon laquelle la révocation de sa carte verte avait compromis ses perspectives de carrière, notamment en raison de la décision d’Oxfam International de lui retirer une offre d’emploi de conseiller politique. Le juge a également souligné que cette décision dissuadait Mahmoud Khalil de participer à des manifestations protégées par la Constitution. « La Cour estime en fait que la carrière et la réputation du requérant sont endommagées et que sa liberté d’expression est entravée – ce qui constitue un préjudice irréparable », a écrit le juge.

Michael Farbiarz a noté dans sa décision que l’administration avait également fait valoir que la détention et la procédure d’expulsion visant Mahmoud Khalil étaient en partie dues à des omissions présumées dans sa demande de carte verte. Mais le juge a déclaré que la jurisprudence montrait que les détenteurs de carte verte n’étaient pratiquement jamais détenus pour de telles raisons.

La décision du juge survient après la libération de plusieurs autres résidents légaux ciblés pour leur activisme, dont un autre étudiant palestinien de Columbia, Mohsen Mahdawi ; une étudiante de l’Université Tufts, Rumeysa Ozturk ; et un universitaire de l’Université de Georgetown, Badar Khan Suri.

Le Monde avec AP

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