Meilleures Actions
Histoires Web lundi, octobre 7
Bulletin

« Il y a quelques semaines, je suis sorti avec une fille. J’étais heureux avec elle. Et, au bout de deux semaines et demie, elle m’a quitté. J’ai demandé pourquoi, parce que je ne comprenais pas trop. Elle a dit qu’on était trop différents. Moi, je l’aimais, alors du coup j’étais triste et déçu. Parfois, je me dis que c’était la dernière fois que je sortais avec quelqu’un, parce qu’aucune fille ne veut de moi. Celles de mon collège, elles n’aiment pas mon physique, et comme les garçons racontent plein de choses pas vraies sur moi… Presque tout le monde ne m’aime pas à cause de ça.

Souvent, je traîne seul aux récrés, parce qu’il y a un groupe de gars qui me traite de gros, de pédé, de tafiole. Ils me disent de dégager, alors je vais à côté de la classe et j’attends. Ou alors je rejoins des gens d’une autre classe et on joue au ping-pong. Mais, à part ça, ça va, le collège, ça se passe bien. J’aime bien les maths, je suis meilleur qu’en français. Ecrire des longs textes, recopier, retenir, ça m’énerve. Quand le prof nous dit : “Ecrivez comme vous pensez” et que je le fais, finalement ce n’est pas comme ça qu’il fallait écrire… Par contre, j’aime beaucoup le sport. Je fais du ping-pong, du badminton, du tennis et de l’équitation avec nos chevaux.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Harcèlement à l’école : les blessures « indélébiles » des victimes devenues adultes

Une fois, alors que je sortais du badminton, ils m’ont coincé, ils étaient six. “Vl’a le p’tit gay”, ils ont dit. J’en avais déjà parlé aux surveillants, de ces histoires, parce que ma mère et mon père me disent toujours qu’en cas de problème il faut se rapprocher d’un adulte. Mais rien n’avait été fait. Ce jour-là, ça s’est fini en dispute, en insultes, on s’est battus. Mon prof de “bad” l’a appris et en a parlé au collège. On a été convoqués avec ma maman, et ils nous ont conseillé de porter plainte. Ce qu’on a fait. Mais l’histoire n’avance pas, parce que les gendarmes s’en foutent totalement…

« Les gens comme moi »

Depuis, ces gars continuent de me faire chier par messages. Il y en a un qui essaye de me faire culpabiliser de leur avoir causé des emmerdes. Même s’ils m’insultent, je les laisse dire, je ne m’en occupe pas. Quand j’étais en primaire, je me faisais déjà traiter de fille parce que j’avais les cheveux longs. Je les ai coupés, je suis entré au collège, et on s’est mis à me traiter de gros. Je crois que la nouvelle génération n’aime pas les gens comme moi. Même si je ne sais pas vraiment ce que c’est, “les gens comme moi”.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Témoignages d’anciens harceleurs scolaires : « Nous n’avions aucun adulte sur notre chemin, aucune limite »

Dans mon collège, il n’y a pas mes frère et sœurs. J’en ai deux qui sont adultes et qui ne vivent plus chez nous. Et une grande sœur qui était en 3e l’année dernière dans un autre collège. C’est compliqué entre nous, même si on s’entend mieux qu’avant. Quand on se dispute, elle me traite de “grosse bouffe”, ou de “frère qui n’aurait pas dû naître”. Soit je ne lui réponds pas, soit je lui dis qu’elle n’a pas à être méchante. Quand je m’énerve, je l’insulte aussi, et elle va le dire à maman.

Il vous reste 49.2% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.