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Histoires Web samedi, octobre 5
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Se passer de « Bonjour ! » et d’« Au revoir, merci ! ». C’est le prix à payer pour cette épicerie ouverte chaque jour de la semaine, de 5 heures à 22 heures, avec tous les produits du quotidien, dans un village de 550 habitants qui n’espérait plus l’ouverture d’un commerce. Au centre-bourg de Sainte-Sévère (Charente), la supérette Api fonctionne en libre-service depuis son inauguration, en mars 2023.

Pour pénétrer dans le long mobile home bardé de bois, au bord de la route départementale, les clients glissent sous un lecteur le QR code affiché sur leur smartphone. Courses finies, ils s’identifient de nouveau grâce au code-barres carré puis scannent leurs achats à la caisse automatique, avant de régler par carte bancaire et de filer. Quatre-vingts personnes, en moyenne, se plient quotidiennement à la contrainte numérique dans cette commune rurale dont la population est vieillissante. « Une fois qu’on a pigé le coup, ce n’est quand même pas compliqué !, s’offusquerait presque Joëlle Fouchereau, retraitée septuagénaire à lunettes octogonales et cheveux courts. Pour une fois qu’il y a un concept qui tient la route, dans le rural… »

L’ex-cadre du BTP qui sillonnait jadis l’Hexagone en voiture « se sent moins » de conduire, désormais, alors ce « petit cabanon » lui facilite la vie : « Il y a tout ce qu’il faut pour cuisiner un plat familial courant. J’y envoie mon mari, il trouve plus facilement ce que je lui demande. Parce qu’il y a toujours une bricole qui manque, à la maison. Quelqu’un vous tombe sur le dos pour l’apéro, un mot en appelle un autre, il reste manger… Et pour les prix, ici, rien à dire, j’ai trouvé des caissettes d’abricots à 8 euros les 5 kilos pour mes confitures. Celui qui a pondu ce truc-là, franchement, chapeau ! »

Effectivement, le « truc » semble soigneusement pensé, concentrant sur 40 mètres carrés, à prix de supermarché, l’essentiel de ce qu’achètent régulièrement les Français pour l’alimentation, la maison, les animaux et l’hygiène. Résultat de cette synthèse de nos consommations en 700 références ? Un généreux rayon bonbons-chocolats-gâteaux, du Coca-Cola et des pizzas surgelées pour un bataillon d’adolescents, des amuse-bouches apéritifs en abondance pour leurs parents, et moult charcuteries et viandes puisque, à un moment, il faut passer aux choses sérieuses et à table. Sans oublier ces autres indispensables que sont les préservatifs, les tire-bouchons (l’alcool, lui, est absent pour se conformer à la législation sur la vente de nuit et aux mineurs), le papier d’imprimante, les sticks friandises pour chat et le charbon de bois du barbecue.

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