« La requête de l’association Al Kindi est rejetée », selon la décision du tribunal qui avait été saisi en urgence par cet établissement situé à Décines-Charpieu, dans la banlieue de Lyon. Les juges « ont estimé que les manquements reprochés à l’établissement étaient suffisamment établis », a annoncé mercredi 12 mars le tribunal, dans un communiqué. Une requête du lycée musulman lui demandait de suspendre la décision de l’Etat de résilier son contrat à la rentrée prochaine.
« Les critiques portées par les inspecteurs de l’éducation nationale, et reprises par la préfète, tenant à la non-conformité au programme de l’enseignement en terminale de la spécialité histoire, géographie, géopolitique, science politique » sont « fondées », ajoute-t-il.
Concernant le non-respect des valeurs de la République, les juges « ont tenu compte de la présence au centre de documentation et d’information du lycée d’un fonds de sept ouvrages sur l’islam, ainsi que d’autres ouvrages défendant une vision traditionaliste ».
S’appuyant sur une série de « manquements et dysfonctionnements » relevés lors d’inspections, la préfète d’Auvergne-Rhône-Alpes, Fabienne Buccio, avait annoncé le 10 janvier mettre fin aux contrats noués entre l’Etat et le groupe scolaire Al-Kindi.
Parmi ses griefs, la présence de sept ouvrages qualifiés de « séparatistes », un règlement intérieur différent pour les filles et les garçons, des propos problématiques tenus par un professeur sur sa chaîne YouTube et une « opacité » sur le plan administratif et financier.
L’établissement, ouvert en 2007 et qui scolarise 620 élèves du CP à la Terminale, avait rapidement saisi la justice administrative pour conserver son contrat, synonyme de subventions estimées à 1,6 million par an.
« Noyautée par les Frères musulmans »
Lors de l’audience lundi, l’avocat d’Al-Kindi, Sefen Guez Guez, avait accusé l’Etat d’avoir « cherché » des arguments pour justifier la résiliation du contrat dans un souci d’« affichage », quitte à porter des « accusations diffamantes » et « insupportables ». Il lui a aussi reproché de ne pas avoir tenu compte des « mesures correctrices » prises par l’établissement (retrait des livres problématiques, rupture du contrat de l’enseignant contesté, modification du règlement intérieur, etc.).
Le Monde
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La directrice des libertés publiques et des affaires juridiques, Pascale Léglise, a accusé l’école d’être « noyautée par les Frères musulmans » et d’inculquer à ses élèves « une vision fondamentaliste et séparatiste » de la société.
A l’exception d’une classe de 2de dans une école à Marseille, Al-Kindi est le dernier lycée musulman sous contrat depuis la résiliation de l’agrément du lycée Averroès de Lille, longtemps présenté comme le fleuron de l’enseignement musulman en France.