Lusophonies en liberté : la sélection musicale du « Monde Afrique » #215

Chaque vendredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, focus sur le festival Au fil des voix, dont la 18^e édition se tient du jeudi 30 janvier au mercredi 12 février dans le 18^e arrondissement de Paris.

Les musiques africaines sont régulièrement au programme de l’événement, mais cette année l’accent est plus particulièrement mis sur deux thématiques liées au continent. La première, « Voix lusophones en fête », s’intéresse aux anciennes colonies portugaises d’Afrique, qui célèbrent cette année les 50 ans de leur indépendance. Du 31 janvier au 2 février, trois concerts sont prévus au 360 Paris Music Factory, mettant à l’honneur l’Angola, le Cap-Vert et le Mozambique à travers les artistes que nous vous présentons ici.

La seconde thématique, « Orient Now », entend faire résonner les voix féminines du monde arabe « porteuses d’un message de résistance et de liberté » – selon les mots du président du festival, Saïd Assadi – lors d’une soirée de clôture, le 12 février au Trianon, à laquelle prendront part la chanteuse marocaine Nabyla Maan, le duo égypto-libanais Maryam Saleh & Zeid Hamdan, le groupe franco-syrien Sarab et la chanteuse franco-algérienne Sarah Lenka. Le reste de la programmation est disponible sur le site du festival.

« Kikola N’goma », d’Ayom (feat. Paulo Flores)

Formé en 2018 à Barcelone par la chanteuse et percussionniste Jabu Morales, le groupe Ayom réunit des musiciens originaires d’Angola, du Brésil, d’Italie et de Grèce pour explorer l’héritage afro-lusitanien, du semba angolais au funana cap-verdien, avec des détours par la cumbia colombienne ou le maloya réunionnais. Paru en septembre 2024, son album Sa.Li.Va (pour « sagrado », « liberdade » et « valentia ») se présente comme une trilogie dont les chapitres ont pour thèmes le sacré, la liberté et le courage. Sur le morceau Kikola N’goma, qui dénonce « le récit erroné de la colonisation [du Brésil] en tant que découverte », le sextet a invité le chanteur angolais Paulo Flores afin qu’il « donne son point de vue depuis l’autre côté de l’Atlantique ».

« Indépendance », de Mario Lucio

Le 5 juillet 1975, le Cap-Vert est, après le Mozambique, la deuxième colonie portugaise d’Afrique à accéder à l’indépendance. Mario Lucio a 10 ans et il assiste alors à la libération des danses populaires auparavant interdites (batuque, tabanca, funana…) ainsi qu’à l’arrivée de musiques issues d’autres pays africains (Angola, Nigeria, Congo…) et à l’introduction d’instruments modernes, dont la guitare électrique. Autant de souvenirs festifs sur lesquels le chanteur, compositeur, guitariste, poète, écrivain, leader historique du groupe Simenterra et ancien ministre de la culture (2011-2016) revient dans son septième album solo, Indépendance, qui paraît ce vendredi et qu’il présentera dès le lendemain sur la scène d’Au fil des voix.

« Aprendeste aonde ? », d’Assa Matusse

Enfin, c’est à la jeune chanteuse Assa Matusse, née en 1994 à Maputo, que reviendra l’honneur de clore cette séquence lusophone, dimanche, lors d’un « brunch musical » dans un format intimiste sur la petite scène du restaurant du 360 Paris Music Factory. Entre rythmes traditionnels du Mozambique (marrabenta, mutimba, tufo) et influences jazz, voire pop, l’artiste chante en portugais, en anglais et en français, mais aussi en changana, sa langue maternelle. Autrice, compositrice et interprète, elle a deux albums à son actif, dont Mutchangana, paru en 2023. L’année précédente, elle avait été chargée d’ouvrir le gala de l’Unesco à l’occasion de la journée mondiale de la langue portugaise.