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Bruxelles va-t-elle définitivement renoncer à porter une voix singulière au Proche-Orient ? Alors que les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne (UE) se réunissent lundi 18 novembre, pour la dernière fois sous la présidence de Josep Borrell, la guerre que mène Israël à Gaza et au Liban sera au menu des discussions. Néanmoins, d’ores et déjà, se pose la question de l’orientation de l’Union européenne sur ce dossier si complexe et inflammable lorsque l’Espagnol se retirera et laissera sa place, le 1er décembre, à Kaja Kallas.

Quelle ligne l’Estonienne Kaja Kallas pourra-t-elle incarner dans la région ? Alors qu’elle fait la tournée des capitales – elle était à Paris vendredi 15 novembre – pour identifier les moyens pour l’Europe de peser encore sur le conflit en cours, elle a donné de rares indices dessinant une politique très en retrait par rapport à celle menée par le socialiste espagnol dans la région.

Un appel à la « retenue »

Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée après les attaques meurtrières du Hamas du 7 octobre 2023, les Vingt-Sept ont eu toutes les peines du monde à trouver une ligne commune. Les Européens ont fini par s’entendre sur le rappel qu’Israël a le droit de se défendre, dans la limite du respect du droit humanitaire international. De même, après moult échanges, ils se sont entendus pour exiger un cessez-le-feu, pour l’instant totalement sans effet.

Le 12 novembre, lors de son audition devant le Parlement européen, Kaja Kallas est restée très évasive sur la voie à suivre dans la région. Elle a appelé à la « retenue » les parties prenantes au conflit, sans un mot sur les violations documentées du droit humanitaire par le gouvernement israélien. De même, elle a seulement assuré qu’elle travaillera pour mettre un terme à ce conflit, dans le cadre de la solution à deux Etats.

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Lors de la même audition, l’ancienne dirigeante estonienne a rappelé sa volonté de coopérer étroitement avec les Etats-Unis sur les grands dossiers. Or, la future administration américaine, que le président élu Donald Trump est en train de mettre en place, affiche son net soutien au gouvernement de Benyamin Nétanyahou. Le futur ambassadeur américain en Israël, l’évangélique Mike Huckabee, a assuré le 13 novembre que, même s’il n’était pas chargé de déterminer la politique de Trump, une annexion de la Cisjordanie serait possible pendant le second mandat Trump… Un alignement sur la position américaine signerait un renoncement définitif à toute ambition européenne dans la région, ce que de nombreux Etats-membres n’entendent pas soutenir, à commencer par l’Irlande, l’Espagne ou la France.

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