Lula veut compter sur la scène internationale en promouvant le Sud global et le non-aligement
Lula veut compter sur la scène internationale par une diplomatie ambitieuse, ternie par des
déclarations polémiques
Le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, réélu le 5 novembre,
est redouté par le dirigeant brésilien – au contraire de son prédécesseur,
Jair Bolsonaro (2019-2022), dont la diplomatie était souvent alignée
sur celle de son homologue américain. La perspective du regain d’un protectionnisme
américain pourrait pousser davantage le Brésil dans les bras de la Chine
et dans une posture de non-alignement vis-à-vis de l’Occident.
Depuis 2009, la Chine est le premier partenaire commercial du Brésil.
Aujourd’hui, elle absorbe autour de 30 % de ses exportations,
contre seulement 11 % pour les Etats-Unis et 14 % pour l’Union européenne (UE).
Brasilia envisage d’adopter des normes chinoises en matière de nouvelles technologies
et de sceller des accords sur des secteurs-clés comme les vaccins,
l’intelligence artificielle et les télécommunications.
Il projette aussi d’adhérer aux « nouvelles routes de la soie »
promues par le président Xi Jinping.
La Russie est un partenaire important du Brésil au sein des BRICS,
et est un fournisseur indispensable d’engrais pour l’agriculture locale.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, Lula adopte une position ambiguë,
condamnant l’invasion russe, tout en tenant l’OTAN pour responsable.
Selon lui, les torts sont partagés entre Moscou et Kiev.
Il refuse aussi d’appliquer les sanctions à l’encontre de la Russie.
Allié historique du pouvoir chaviste au Venezuela,
Lula a longtemps ménagé la légitimité de Nicolas Maduro,
président depuis 2013. Mais la réélection contestée de ce dernier,
en juillet, suscite des tensions entre Brasilia et Caracas.
En octobre, Lula met son veto à l’entrée du Venezuela dans les BRICS+.
Le chef d’Etat brésilien a approuvé, en 2024,
l’élargissement des BRICS à quatre nouveaux membres,
dont l’Iran, bête noire de Donald Trump. Outre la République islamique,
l’intégration de l’Ethiopie et de l’Egypte permet de renouer
avec une certaine idée du « non-alignement » telle qu’elle émergea, en 1955,
lors de la conférence de Bandung. Son ambition étant de bâtir un autre monde,
autour de la conception d’un Sud global.
Invité au sommet de l’Union africaine, à Addis-Abeba, en février,
Lula crée la polémique en déclarant que « ce qui se passe dans
la bande de Gaza avec le peuple palestinien ne s’est produit
à aucun autre moment de l’histoire. En fait, cela s’est déjà produit :
lorsque Hitler a décidé de tuer les juifs ».