L’Ukraine a mené une « opération spéciale d’ampleur » avec des drones contre l’aviation militaire en Russie, dimanche 1er juin, disant avoir détruit environ quarante avions et frappé jusqu’à des milliers de kilomètres de ses frontières, à la veille de nouveaux pourparlers attendus avec Moscou à Istanbul. De son côté, la Russie a confirmé que plusieurs de ses avions avaient « pris feu » à la suite de cette attaque.
« Dans les régions de Mourmansk et d’Irkoutsk, plusieurs appareils aériens ont pris feu à la suite du lancement de drones FPV depuis un territoire situé à proximité immédiate des aérodromes », a écrit le ministère de la défense russe sur Telegram. Les drones FPV (First Person View, en anglais, ou « pilotage en immersion » dans la version française) permettent à leurs pilotes de voir les images du terrain en direct comme s’ils étaient à bord.
Le ministère de la défense russe a affirmé que l’Ukraine avait visé des aérodromes dans les régions de Mourmansk, Irkoutsk, Ivanovo, Riazan et Amour, mais n’avait fait des dégâts que dans les deux premières. « Les incendies ont été maîtrisés. Il n’y a pas de victimes parmi les militaires et le personnel civil », a ajouté le ministère russe, qui a également affirmé que « certains participants aux attentats ont été arrêtés ».
L’opération, dont le nom de code est « soie » ou « toile d’araignée » (Паутина, en ukrainien), a été planifiée depuis un an et demi. Au moins quatre aérodromes militaires russes, dont certains à des milliers de kilomètres du front, ont été visés, selon une source au sein du service de sécurité ukrainien (SBU). Quelque 41 avions utilisés pour « bombarder les villes ukrainiennes » ont été détruits, a-t-elle annoncé, citant des bombardiers stratégiques Tu-95 et Tu-22.
Première attaque aussi loin du front
L’une des bases militaires visées est l’aérodrome de Belaïa, dans la région d’Irkoutsk en Sibérie orientale, à environ 4 300 kilomètres de l’Ukraine. Le gouverneur de la région, Igor Kobzev, a évoqué dimanche une « attaque de drones » contre une cible militaire dans le village de Sredniï, juste à côté de la base de Belaïa, sans confirmer les dégâts revendiqués par l’Ukraine.

L’attaque d’ampleur a été supervisée par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et dirigée par le chef des services spéciaux, Vassyl Maliouk, qui, décrivant l’attaque contre la base de Belaïa, déclare que « le SBU a d’abord transporté des drones-kamikazes en Russie, (…) cachés dans des caisses placées sur des camions ». « Au moment opportun, elles se sont ouvertes et les drones ont décollé pour frapper les bombardiers russes. »
Il s’agit de la première attaque ukrainienne menée aussi loin du front. Les services ukrainiens ont publié une vidéo censée montrer la base de Belaïa, dans laquelle on peut voir plusieurs appareils en flammes, des panaches de fumée noire s’en élevant.
Nouveaux pourparlers prévus lundi
L’Ukraine envoie régulièrement des drones en Russie, en réponse aux attaques aériennes russes quasi quotidiennes, mais il est rare qu’ils parviennent à frapper à une telle distance.
Cette attaque spectaculaire survient à la veille de nouvelles négociations attendues entre Russie et Ukraine en Turquie, proposées par Moscou. Après avoir laissé planer le doute sur la participation ukrainienne, Volodymyr Zelensky a annoncé dimanche qu’une délégation ukrainienne, menée par son ministre de la défense, Rustem Umerov, serait à Istanbul lundi.
Volodymyr Zelensky a appelé à un « cessez-le-feu complet et inconditionnel », ainsi qu’au retour des Ukrainiens détenus en Russie. Il a aussi appelé à « préparer une réunion au plus haut niveau », c’est-à-dire une rencontre avec Vladimir Poutine. Les délégations russe et ukrainienne ont déjà tenu des pourparlers peu fructueux à Istanbul le 16 mai.