« Louis XI, un règne de terreur ! », sur France 3 : Stéphane Bern réhabilite le souverain modernisateur du royaume de France

FRANCE 3 – MERCREDI 29 JANVIER À 21 H 05 – DOCUMENTAIRE

Nouvelle entreprise de réhabilitation de la part de Stéphane Bern. Après Napoléon III en novembre 2023, le vrai-faux historien des têtes couronnées s’attaque à Louis XI, qui régna de 1461 à 1483.

Le titre de l’émission « Secrets d’histoire » proposée mercredi 29 janvier – Louis XI, un règne de terreur ! – est trompeur. Le film donne certes d’emblée le ton, montrant un homme enfermé dans une cage de fer qui hurle son désespoir face à un autre homme qui le regarde sans ciller. « Un souverain complexe, glacial et machiavélique », introduit l’animateur, campé devant le château de Loches (Indre-et-Loire), dont Louis XI fit sa cité royale en même temps qu’une prison d’Etat. Mais il s’interroge dans la foulée : « L’histoire n’a-t-elle pas condamné un peu trop vite ce roi ? »

Reprenant l’analyse de Jules Michelet (1798-1874) dans le tome VI de son Histoire de France, Bern affirme que « sa cruauté [celle de Louis XI] cache aussi une gouvernance éclairée et visionnaire ». Et de dérouler les réalisations modernes du règne, dont le système de relais de poste « pour améliorer la communication à travers le royaume, mais aussi pour mieux le surveiller ».

Les caractéristiques d’un tyran

Comme toujours, dans un mélange des genres dont il a le secret, Stéphane Bern fait le tour des joyaux du patrimoine de l’époque racontée. Il démarre l’émission au château de Langeais (Indre-et-Loire), construit en 1465 sur les bords de Loire, mélange des styles « à mi-chemin entre le Moyen-Age et la Renaissance » – comme le fut le règne. Avant d’entrer dans le vif de la réputation du personnage, qui accumule les caractéristiques d’un tyran, souverain et domestique. « Mauvais fils, mauvais mari, mauvais père, mauvais frère » (accusé d’avoir empoisonné le benjamin Charles), le souverain alimentera sa propre légende noire.

Thomas Bazin, évêque de Lisieux surtout connu pour sa réhabilitation de Jeanne d’Arc, sera le premier à mettre par écrit toutes ces accusations à l’encontre d’un souverain qui l’avait, il est vrai, disgracié. Il compare le roi à « Caligula ou Néron », dit Lydwine Scordia, professeure d’histoire médiévale à l’université de Rouen. Et finira exilé à Utrecht (Pays-Bas).

« La crainte est un outil de gouvernement », estime Adrien Carbonnet, maître de conférences à la Sorbonne. Jeune, le dauphin Louis a trop vu l’indécision permanente de son père, Charles VII, à la fin de la guerre de Cent Ans – allant même jusqu’à participer à un complot contre lui. Face aux Anglais et aux Bourguignons de Charles le Téméraire, il se montrera déterminé à être le contraire de celui qu’on moquait comme « le petit roi de Bourges ».

Louis XI sera en somme le premier monarque absolu. De quoi séduire le « M. Patrimoine » du règne d’Emmanuel Macron.