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Histoires Web lundi, juillet 28
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La langue française, ce ne sont pas les Tables de la Loi. Contrairement à une idée répandue, les dictionnaires et les grammaires ne recommandent pas tous les mêmes règles, et il n’est pas rare que chacun propose plusieurs graphies. Le mot « djeun », version familière de « jeune », pour ne prendre qu’un exemple, n’est pas dans le Petit Larousse, mais on le trouve bien dans le Petit Robert, entre « djembé » et « djihad ». Avec plusieurs orthographes : avec et sans E final, et un pluriel ordinaire en S (djeuns/djeunes) ou avec une apostrophe (djeun’s).
En somme, le vocabulaire que nous employons relève d’un choix, et celui qu’utilise le quotidien dit « de référence » soulève toujours des questions. Un lecteur du Monde s’indignait ainsi que le journal ait écrit, au moment de l’élection de Donald Trump, que « les Américains [s’étaient] prononcés ». Ce qu’il critiquait, c’était l’utilisation du gentilé « Américains », usage revenant, selon lui, à priver les Brésiliens, les Canadiens et tous les autres habitants du « Nouveau Continent » du privilège de se dire également américains.

« Les Etats-Unis ne sont PAS l’Amérique, écrivait-il. Ne l’ont jamais été. » Le pays du président Trump, en effet, ce sont, officiellement, les Etats-Unis d’Amérique, qui représentent moins du quart de la surface du continent américain. « Les Etatsuniens ne sont pas l’Amérique mais des membres de celle-ci, argumentait encore notre lecteur. Politiquement, ils ne sont pas américains mais étatsuniens. »

Une erreur historique

En effet, l’appellation « américain » peut prêter à confusion… C’est néanmoins celle que recommandent tous les dictionnaires français en première occurrence, notamment le Petit Larousse et le Petit Robert, sur lesquels s’appuient la rédaction du Monde et son service de correction. Il ne revient pas à un journal de décider des évolutions de la langue dans laquelle il est imprimé. Très récemment à l’échelle de l’histoire du français, néanmoins, d’autres appellations ont été proposées, notamment « USAnien », qui n’a pas été adoubé par l’usage, et l’« étatsunien » (avec ou sans trait d’union) favorisé par notre lecteur, qui s’est progressivement fait une place dans les écrits depuis les années 1980. Il reste néanmoins peu utilisé, y compris dans les colonnes du Monde, où il est employé essentiellement lorsque le mot « américain » prête à confusion, ou tout simplement pour éviter ces répétitions que le français abhorre.

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