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Histoires Web samedi, novembre 16
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La lumière est encore chaude en ce 18 septembre estival à Montréal, les terrasses bondées et la rue Sainte-Catherine noire de monde. Place des Arts, la Maison symphonique se prépare à accueillir l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) et son directeur musical, le Vénézuélien Rafael Payare. Une affiche haut de gamme : après le Concerto pour piano, de Schumann, par Daniil Trifonov, la Symphonie fantastique, de Berlioz, deux œuvres qui seront, entre autres, au programme de la tournée européenne prévue du 19 au 30 novembre, dont l’une des étapes s’arrête le 22 novembre à la Philharmonie de Paris.

Dans les bagages de l’OSM, deux magnifiques cloches en bronze doré – les notes sol et do –, que le public entendra dans le Songe d’une nuit de sabbat berliozien. Blondes et rondes, bichonnées comme des reines de beauté, « elles feront aussi partie du voyage », assure Sébastien Almon, directeur des opérations artistiques et du développement international de l’OSM.

Le lien entre les musiciens québécois et l’Europe n’a rien d’anecdotique, ainsi que le rappelle le maestro Kent Nagano, en poste à Montréal de 2006 à 2020. « L’orchestre n’a jamais rompu avec ses racines européennes, souligne-t-il. Quand on a le français comme langue principale, il y a forcément un impact sur le phrasé, le son, la respiration. Musicalement, cela se traduit par une certaine souplesse et un sens particulier des couleurs, qui, combinés à la précision et l’efficacité bien connues des phalanges d’Amérique du Nord, rendent l’OSM unique. » Même constat pour le maestro Rafael Payare, arrivé en 2021, qui apprécie dès son premier concert en 2018 le savoureux alliage « de virtuosité, de flexibilité et de transparence » des 92 musiciens, ainsi que l’étendue de leur répertoire.

Répertoire historique

S’il en est un que ce prochain départ réjouit, c’est le tromboniste basse solo Pierre Beaudry. A 63 ans, le Québécois entré à l’OSM en 1982 a vu défiler le quart de siècle de Charles Dutoit (1978-2002), les quatorze années de Kent Nagano (2006-2020), et, depuis deux ans, la prise de fonctions de Rafael Payare. Avec le premier, une période de grande effervescence. « Dans les années 1970, on faisait trois tournées par an – plus d’une trentaine entre 1981 et 2000 –, et on “endisquait” comme des fous », confie-t-il en pointant les nombreux enregistrements (plus de 80) réalisés par l’OSM sous la férule du chef suisse.

A l’époque, les musiciens se produisent salle Wilfrid-Pelletier, lieu multifonctionnel de près de 3 000 places, qui porte le nom de l’un des fondateurs de l’orchestre, créé le 16 novembre 1934. La Maison symphonique, conçue par l’architecte Jack Diamond, dont l’auditorium de 2 000 places, tapissé de 70 % de bois blond du hêtre canadien de l’Outaouais et de 175 coussinets isolateurs en caoutchouc, offre depuis 2011 une excellente acoustique, changera leur vie. Pierre Beaudry en savoure la fonctionnalité et l’élégance, comme en ces jours de répétition où il débarque dès 7 h 30, alors que le travail collectif débute à 10 heures. « Je commence par déjeuner, dit-il, puis je prends mon instrument. Tout seul dans mon espace de travail, je me sens un peu comme Monsieur de Sainte-Colombe dans son cabinet de musique, dans le film Tous les matins du monde [1991], d’Alain Corneau. »

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