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Histoires Web dimanche, avril 28
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Impatient de rappeler le rôle déterminant qu’il a joué dans la diffusion du répertoire symphonique depuis sa création, en 1934, en tant que formation dépendant de la radio (à l’époque, la RTF), l’Orchestre national de France (ONF) n’a pas attendu son 100e anniversaire pour se prêter à une rétrospective festive. En effet, il a imaginé pour ses 90 ans un « jubilé » dans lequel « l’esprit maison » est aussi bien servi par une modeste mais savoureuse exposition (présentée jusqu’à la fin du mois de mai dans la nef de Radio France, à Paris) que par des concerts de grande envergure (le 30 mars et le 27 juin).

La première option permet de suivre l’histoire de l’orchestre « de l’intérieur », par le biais de dessins à tendance caricaturale qu’un violoniste du rang (Marc Kosloff, engagé par le « National » en 1955) a réalisés au cours de plusieurs décennies. Si ses collègues (entre autres, un hautboïste grassouillet grimé en « porc anglais » quand il joue du… cor anglais) demeurent dans un relatif anonymat (à l’exception de l’altiste et compositeur Alain Bancquart), les chefs sont bel et bien nommés, à l’instar de Lorin Maazel, avec main gauche de capitaine Crochet, et Maurice Le Roux (sa tête de Turc) qui, ficelé comme un saucisson, pour diriger la Missa solemnis de Beethoven, est affublé du sobriquet « Missa Salamis » par celui qui, en toute occasion, a la dent dure (« Munch, à Albany, aux USA, où il a dirigé La Mer et où on s’est tous noyés », écrit Kosloff en 1962).

L’illusionniste Cristian Macelaru

Il est alors difficile, le 26 mars, à la Philharmonie de Paris, de ne pas voir l’actuel directeur musical de l’ONF, Cristian Macelaru, avec les yeux d’un caricaturiste tant il bouge sur l’estrade : tantôt comme une ballerine, tantôt comme un escrimeur. Ou, une fois sous le charme de la réalité sonore, comme un illusionniste qui ne laisse pas d’étonner par ce qu’il fait régulièrement sortir de l’immense chapeau auquel s’apparente l’orchestre.

Remarquablement dosé entre virtuosité rutilante et débit suspendu, le spectaculaire Apprenti sorcier, de Paul Dukas, communique tour à tour l’ivresse du grand huit et le mystère du train fantôme. La magie cesse d’opérer, hélas, avec le Concerto pour violoncelle, « Tout un monde lointain… », d’Henri Dutilleux, pendant lequel l’orchestre semble « à l’ouest » (perdu, sans chef) et le soliste (Gautier Capuçon), à l’est – dans une imitation excessive de l’approche rugueuse du Russe Mstislav Rostropovitch, le créateur de l’œuvre.

La musique française constituant « l’ADN de l’ONF », les inséparables Claude Debussy et Maurice Ravel succèdent, après l’entracte, à un Dutilleux qui s’est autant nourri de l’un que de l’autre. En dépit de leur titre, les Images de Debussy ne visent pas à dépeindre, mais à faire ressentir. Cette fois, l’interprétation ne souffre aucune réserve. Quant au Boléro de Ravel, qui clôt cette belle soirée d’anniversaire, il confine à l’idéal. Dès les premiers solos, exécutés avec une telle unité de souffle qu’on jugerait que c’est la même personne qui a successivement joué de la flûte, de la clarinette et du basson. Mystifiant, comme le désirait Ravel.

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