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Histoires Web mercredi, novembre 13
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Production phare de ce début de saison lyrique à l’Opéra Nice Côte d’Azur, le rarissime Edgar de Giacomo Puccini, deuxième ouvrage lyrique du compositeur dont 2024 célèbre le centenaire de la disparition. Une première française, présentée du 8 au 12 novembre (une version de concert captée en décembre 2002 à Radio France est distribuée par Naïve), dont le mérite revient d’abord au directeur de l’institution, l’entreprenant Bertrand Rossi, qui a décidé de porter à la scène la version originale de cet opéra de jeunesse, créé à La Scala de Milan en avril 1889, dont la partition sera remaniée plusieurs fois avant d’être resserrée en trois actes.

Une place de village méditerranéen, au jardin un amandier en fleur, une longue table de campagne en bois, la porte de l’église à cour, des murs de guingois : le décor unique abrite le déroulement du drame qui se joue dans le cœur d’Edgar, déchiré entre son amour pour l’angélique et pieuse Fidelia, et son attirance pour la fatale et sensuelle Tigrana, abandonnée enfant par « des Hongrois et des Maures » et recueillie par un homme du village, Franck, dont elle est également devenue l’obsession.

Le jeune homme aux allures de poète a bien tenté de rompre avec la séductrice, mais il suffira d’une chanson provocatrice aux paroles imprécatoires en ce jour de Pâques pour que, devant la violence hostile des habitants du village au sortir de l’église, il décide de s’enfuir avec elle, non sans avoir blessé dans un duel au couteau son rival et détruit par le feu la maison paternelle.

Ecartelé entre la chair et l’esprit

La mise en scène narrative de Nicola Raab sert sans surprise l’intrigue filandreuse inspirée du poème d’Alfred de Musset, La Coupe et les lèvres, qui parle de chute (la débauche et la luxure) puis de rachat. Ecartelé entre la chair et l’esprit, le ciel et la terre, l’amour profane et l’amour sacré, « entre le Faust de Goethe et le Tannhäuser de Wagner », précise le musicologue dramaturge Jean-Jacques Groleau, dans l’intéressant programme de salle, le cheminement du héros, des ténèbres vers la lumière, expose deux stéréotypes féminins aux antipodes – possessivité et transgression d’un côté, sacrifice et pardon de l’autre.

Lassé de sa vie décadente, Edgar s’est enrôlé dans une troupe de soldats (parmi eux, son ancien adversaire, Franck, le frère de Fidelia). Sa mort annoncée au combat (assortie de fausses funérailles et d’un retrait du monde sous l’habit monacal), sa confession publique expiatoire de pécheur repenti, mettront à jour la cupidité de Tigrana et l’attachement profond de Fidelia, seule à défendre sa mémoire alors que la foule veut livrer son corps aux corbeaux. Les deux femmes paieront cependant le prix fort, l’une, poignardée le jour de ses noces par la seconde, laquelle sera mise à mort par la populace.

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