Des agriculteurs réunis à l’appel de la Coordination rurale ont déversé du lisier, mardi 22 juillet au soir, devant les locaux des Ecologistes à Toulouse et Limoges pour soutenir la loi Duplomb et interpeller la députée verte Sandrine Rousseau, opposée au texte.
À Toulouse, une centaine de manifestants venus de toute l’Occitanie ont répandu du fumier, de la laine, des déchets et ont jeté des œufs mardi soir sur les locaux du parti, a constaté une journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). Ils entendaient dénoncer la pétition qui a recueilli plus de 1,7 million de signatures demandant l’abrogation de cette loi adoptée le 8 juillet qui doit notamment réintroduire de manière dérogatoire un pesticide, l’acétamipride, interdit en France mais autorisé en Europe.
« Rien à péter Sandrine », pouvait-on lire sur une banderole déployée par les agriculteurs à Toulouse, en réaction aux propos de la députée écologiste Sandrine Rousseau qui avait déclaré sur le site d’actualité Le Média : « Je n’en ai rien à péter » de la rentabilité des agriculteurs.
À Limoges, du lisier a été répandu sur la vitrine et devant les locaux du parti Les Ecologistes, qui a dénoncé dans un communiqué un « acte de vandalisme » et une « atteinte grave à la démocratie ». La Coordination rurale de Haute-Vienne (CR 87) a diffusé des photos de cette action, avec des banderoles et graffiti hostiles : « Rousseau l’intelligence d’un bulot » ou bien « Rousseau, de l’eau, du glypho, et dans un bateau ».
Concurrence déloyale
La CR 87 a aussi adressé un courrier à Rémi Schenberg, déontologue de l’Assemblée nationale, pour réclamer la convocation de Sandrine Rousseau et l’« examen de la compatibilité de ses propos avec son mandat de députée ».
Pour Pierre-Guillaume Mercadal, porte-parole de la Coordination rurale du Tarn-et-Garonne interrogé par l’AFP à Toulouse, la loi Duplomb est « un signe positif dans le sens où on fait une loi pour les paysans » mais « c’est une goutte d’eau, il faut beaucoup plus. ».
L’acétamipride, toxique pour la biodiversité et potentiellement pour la santé humaine, est réclamé par les producteurs de betteraves ou de noisettes, qui estiment n’avoir aucune autre solution pour lutter contre les ravageurs et subir une concurrence déloyale des producteurs étrangers. Or l’Agence nationale de sécurité sanitaire a déjà rendu par le passé deux avis prouvant que des produits pouvant être utilisés à la place de l’acétamipride existent bien.
« La loi Duplomb n’est pas la meilleure du monde, mais c’était celle qui écoutait ce qu’on avait à peu près dit », a déclaré à l’AFP Dominique Raud, vice-présidente de la Coordination rurale de Haute-Garonne et éleveuse de chèvres en transformation fromagère. « L’opinion populaire, ce sont des gens qui sont en ville, nous, on est dans la campagne », a-t-elle ajouté en référence à la pétition sans précédent demandant l’abrogation de la loi Duplomb. « On est les premiers écolos (…) On le voit avec le dérèglement climatique, on le subit », a-t-elle dit.