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Il aura fallu cinq ans et demi à la procédure pour aboutir. La société israélienne NSO Group a été condamnée, mardi 6 mai, par un jury d’Oakland (Californie) à verser près de 168 millions de dollars (148 millions d’euros environ) de dommages et intérêts à Meta pour avoir piraté des téléphones via la messagerie WhatsApp.

Dans le détail, les jurés ont attribué à Meta 444 719 dollars au titre des réparations et 167,25 millions de dommages et intérêts punitifs.

Meta accusait NSO d’avoir placé, en 2018 et 2019, son logiciel espion Pegasus sur environ 1 400 téléphones portables via WhatsApp, à l’insu des responsables de la messagerie. L’entreprise israélienne a ainsi permis à l’un de ses clients d’espionner les échanges et les données personnelles des propriétaires de ces smartphones.

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Meta, qui s’appelait à l’époque Facebook, a détecté la manœuvre, mis en place des protections supplémentaires pour l’empêcher et a signalé les faits aux autorités.

« Le verdict d’aujourd’hui est une étape importante pour la protection des données personnelles et la sécurité », a commenté Meta dans un communiqué publié sur son site. Il s’agit de « la première victoire contre le développement et l’utilisation de logiciels espions illégaux », a insisté le groupe de Menlo Park, en Californie, propriétaire de WhatsApp.

L’imposition de dommages et intérêts va agir en « dissuasion cruciale » vis-à-vis des « actes illégaux » visant des entreprises et des individus, selon Meta.

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NSO Group risque de faire appel

Sollicité par l’Agence France-Presse, NSO Group a laissé entendre qu’il allait faire appel de cette décision, évoquant « un chapitre supplémentaire d’un long processus judiciaire ». L’entreprise a déjà contesté la légalité d’un procès jusque devant la Cour suprême.

En cas de condamnation définitive et d’exécution du jugement, ce dossier pourrait porter un coup financier très dur à NSO, dont le chiffre d’affaires annuel était estimé, en 2021, à 230 millions de dollars.

Lire aussi notre enquête : Article réservé à nos abonnés « Projet Pegasus » : un téléphone portable d’Emmanuel Macron dans le viseur du Maroc

« Nous sommes convaincus que notre technologie joue un rôle essentiel pour empêcher crimes et terrorisme et est utilisée de façon responsable par les agences gouvernementales que nous autorisons », a ajouté un porte-parole du groupe israélien.

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Un article du Wall Street Journal avait révélé que le piratage des téléphones par WhatsApp avait été réalisé pour le compte d’Etats européens, qui surveillaient un suspect en relation avec le groupe Etat islamique, soupçonné de préparer une attaque au moment des fêtes de Noël. Selon des enquêteurs, cités par le quotidien, en dévoilant publiquement la surveillance et en prévenant individuellement les 1 400 personnes suivies, dont le principal suspect, Meta avait ralenti la progression de l’enquête.

NSO est accusé, depuis plusieurs années, d’avoir permis la surveillance, par des gouvernements, de militants, activistes, journalistes et opposants. En juillet 2021, une enquête coordonnée de plusieurs médias, à laquelle Le Monde a participé, avait révélé une liste de plus de 50 000 noms d’individus susceptibles d’avoir été surveillés via Pegasus.

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Le Monde avec AFP

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