Taxer les usages de pesticides dans les produits d’importation, à l’image de la taxe carbone aux frontières de l’Union européenne (UE), qui devrait entrer en vigueur en 2026 ? C’est la piste explorée par une note de l’Observatoire européen de la fiscalité, présentée, mardi 1er avril, à la Fondation Charles Léopold Mayer, à Paris. Son ambition est de proposer des mécanismes d’ajustement aux frontières, susceptibles d’éviter la « fuite » des usages les plus intensifs de phytosanitaires, c’est-à-dire la délocalisation à l’étranger des systèmes agricoles les plus intensifs et délétères pour la santé et l’environnement. De telles mesures permettraient, en outre, selon l’institut de recherche indépendant créé en 2021, de renforcer les réglementations environnementales de l’UE sans craindre d’obérer la compétitivité des exploitations du Vieux Continent.
« Le déclin de la biodiversité est une question globale, au même titre que le changement climatique, dit l’économiste Mathieu Parenti, chercheur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement et professeur à l’Ecole d’économie de Paris, et coauteur de ces travaux. Il est donc légitime de s’interroger sur l’impact des phytosanitaires utilisés pour produire les denrées agricoles que nous consommons en Europe. » De fait, les données collectées par l’Obsrvatoire européen de la fiscalité confortent l’idée d’une telle « fuite » des usages les plus massifs de pesticides. Les importations agricoles ne représentent que 17 % environ de la consommation européenne, mais 46 % de l’« empreinte phytosanitaire » de l’UE.
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