Liv Strömquist a 25 ans lorsqu’elle voit pour la première fois ses dessins accrochés sur un mur. Un habitant d’un quartier voisin du sien, à Malmö (Suède), a photocopié l’un des fanzines qu’elle vendait alors une dizaine de couronnes (1 euro) lors de soirées entre amis, pour le punaiser en guise de décoration. Vingt-deux ans et huit albums plus tard, c’est à Reims (Marne) que l’artiste suédoise de 47 ans est exposée depuis le début de février et jusqu’au 8 mars, dans le cadre du Pop Women Festival, qui se tient du 6 au 8 mars dans la ville. Un accrochage intitulé « Liv Strömquist : une autrice qui te veut du bien ! », consacré à son dernier ouvrage en date, La Pythie vous parle : sept conseils de vie de Liv Strömquist (Rackham, traduction du suédois par Sophie Jouffreau), sorti au début de novembre 2024 et traduit en vingt-deux langues.
Fine observatrice des travers de notre société contemporaine, la bédéaste porte, dans cet album, son regard perçant et ironique sur les oracles des temps nouveaux – influenceurs, auteurs spécialisés dans le développement personnel –, promoteurs infatigables d’injonctions à la beauté, au bonheur, au bien-être. A l’origine de ce nouveau projet, raconte Liv Strömquist lors d’un entretien, début février, à l’Institut suédois à Paris, une vidéo glanée sur les réseaux sociaux. Un médecin y conseillait, pour se maintenir en forme, de profiter de la vérification de la cuisson d’un mets au four pour faire une flexion avec le plat en main. « Ça m’a semblé très symbolique d’un phénomène plus large, une obsession pour l’optimisation du temps, une tendance à surinvestir le contrôle de soi », confie-t-elle d’une voix posée.
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