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C’est une évidence : le changement climatique affecte de plus en plus nos économies, au travers des risques qu’il induit et des investissements qu’il exige. Malgré cela, le climat est largement ignoré dans les données macroéconomiques, et notamment dans le calcul du produit intérieur brut (PIB). Non pas que cet indicateur, sa pertinence, son rôle ou sa méthodologie, ne fasse régulièrement l’objet de débats, accusé de comptabiliser sèchement production, consommation et autres valeurs ajoutées sans jamais tenir compte du bien-être que peuvent en tirer les êtres humains.

« Le PIB est la métrique de référence de la statistique économique depuis le milieu de XXe siècle », rappelait, en 2022, Nicolas Carnot, aujourd’hui directeur des études et synthèses économiques à l’Insee. « A l’époque, la finitude des ressources naturelles n’était pas au cœur des enjeux. »

Mais les temps ont changé et, aux yeux des économistes, le climat est devenu une affaire bien plus grave que le bonheur. Pour la première fois, en se basant sur les conclusions de la commission Stiglitz-Sen-Fitoussi de 2009, l’Insee a publié, le 5 novembre, des indicateurs « augmentés » d’une bonne dose de données climatiques. « L’une des limites au PIB est de ne pas prendre en compte le fait que les activités économiques courantes, dont il mesure la valeur, affectent, via les émissions de gaz à effet de serre qui les accompagnent, la qualité du patrimoine transmis aux générations futures », indique l’Insee.

« Monétiser » la nature

Deux phénomènes sont ainsi mesurés par ces nouveaux indicateurs « augmentés ». Le premier est la création de valeur minorée de l’impact des émissions, devenue le produit intérieur net ajusté (Pina). Le second est le coût à venir de la décarbonation et celui des dommages déjà constitués sur le patrimoine, mesuré par un indicateur baptisé « épargne nette ajustée ». Verdict : en 2023, le Pina était inférieur de 4,3 % au PIB classique, ce qui signifie que le dérèglement climatique et la décarbonation ont « coûté » près de 100 milliards d’euros à l’économie française.

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Quant à l’épargne nette ajustée de la France – qui correspond à la valeur qui reste disponible dans l’économie pour les générations futures –, elle est négative depuis plusieurs années. Autrement dit, l’économie dans sa forme actuelle n’est pas soutenable à long terme. Et avec tout cela, une bonne nouvelle quand même : les émissions de gaz à effet de serre de l’économie française ont baissé de 5,6 % par rapport à 2022, ce qui a permis d’économiser 21 milliards d’euros en 2023 sur le coût de la décarbonation.

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