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En délivrant à la Sorbonne, jeudi 25 avril, sa vision de l’Europe, Emmanuel Macron avait notamment en tête d’orienter l’agenda que les Vingt-Sept se donneront après les élections européennes du 9 juin. Après tout, en 2017, l’exercice lui avait plutôt réussi et le président espère rééditer l’expérience. Mais la France d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a sept ans et son influence sur la scène communautaire devrait en pâtir.

Le concept de souveraineté européenne, dont Emmanuel Macron avait fait le cœur de sa première intervention dans le grand amphithéâtre de l’université parisienne, en 2017, et « qui pouvait [alors] paraître très français », s’est « imposé en européen », s’est félicité, jeudi, le chef de l’Etat. « Rarement l’Europe n’aura autant avancé » que durant les cinq dernières années, a-t-il ajouté.

Sans conteste, Paris y a joué un rôle moteur, alors que les crises sans précédent du Covid-19 ou de la guerre en Ukraine ont validé les intuitions d’Emmanuel Macron. Du plan de relance européen post-pandémie à l’achat en commun de vaccins ou de gaz, de l’adoption d’une régulation numérique et d’instruments de défense commerciale à la réhabilitation du nucléaire ou à l’ébauche d’une politique industrielle, les Vingt-Sept ont, depuis 2019, pris des initiatives inédites qui font largement écho à l’« Europe souveraine » dont rêvait Emmanuel Macron en 2017.

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Aujourd’hui, il appelle l’Europe à être « puissante », sans quoi elle pourrait « disparaître ». Le retour de la guerre sur le Vieux Continent et la concurrence effrénée que se livrent la Chine et les Etats-Unis dans la course aux technologies d’avenir lui imposent de passer à la vitesse supérieure, insiste-t-il, militant pour « un changement de paradigme ».

« Mauvais élève »

Dans ce contexte, affirme Emmanuel Macron, les politiques monétaire, budgétaire, commerciale et industrielle de l’Union doivent être profondément remaniées. Les propositions qu’il a formulées n’ont en tout cas rien de consensuelles au sein de l’Union – une bonne partie d’entre elles ne sont pas du goût de Berlin – et Paris devra user de tout son talent pour qu’elles ne soient pas enterrées.

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Cela tombe mal, « la France a vécu sa meilleure période en termes d’influence », reconnaît un proche de l’Elysée, et il lui sera bien plus difficile de peser, comme elle a pu le faire ces cinq dernières années, sur la prochaine législature.

Au sein des institutions communautaires, Paris ne sera pas en position de force, tant s’en faut. Ainsi, à la table du Conseil, qui rassemble les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement européens, les conservateurs du Parti populaire européen (PPE) progressent quand les libéraux de Renew y sont de moins en moins nombreux. Aux côtés d’Emmanuel Macron, il en reste quatre (aux Pays-Bas, en Belgique, en Slovénie et en Estonie), mais le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, et son homologue belge, Alexander De Croo, n’y seront probablement plus dans quelques mois. « Il n’y a pas d’Europe sans la France et sa capacité d’initiative », nuance un diplomate, qui admet néanmoins que le poids du groupe politique à Strasbourg compte pour les nominations à des postes-clés à la Commission ou au Conseil.

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