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Pour résoudre une équation budgétaire complexe consistant à trouver au moins 40 milliards d’euros dès 2026, les regards se tournent de façon insistante vers les retraités afin qu’ils contribuent davantage à la solidarité nationale. Alors que le premier ministre doit dévoiler, mardi 15 juillet, ses grandes orientations pour tenter de reprendre le contrôle de nos finances publiques, les seniors se retrouvent, à leur corps défendant, au centre du débat.

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François Bayrou avait annoncé la couleur dès le 15 avril, à l’issue d’un « comité d’alerte sur le budget », en expliquant que « pour préserver notre contrat social, il nous faut rééquilibrer l’effort entre les générations ». « Le financement de notre protection sociale pèse fortement sur ceux qui travaillent, alors que ses dépenses bénéficient majoritairement aux plus de 65 ans, dont la part dans la population est croissante », déclarait le chef du gouvernement, qui avait alors choisi pour slogan : « La vérité permet d’agir ».

L’aphorisme n’a, pourtant, rien d’évident concernant les retraités. Sachant que ces derniers représentent un inscrit sur trois sur les listes électorales, mais un votant sur deux, s’attaquer à leurs intérêts demande un certain courage politique. Toutefois, l’évolution démographique, générationnelle et budgétaire de la France ces dernières décennies devrait pousser à sortir de l’immobilisme dans lequel les partis politiques se sont enfermés.

Il ne s’agit pas de stigmatiser une catégorie de la population, qui a eu la chance de bénéficier d’une expansion économique et d’une évolution de la redistribution sociale globalement plus favorables que ce qu’ont connu leurs parents et que celles que vivront leurs enfants. Il faut partir du constat que le vieillissement de la population, qui conduit à moins de cotisants pour plus de pensionnés, entraîne une charge grandissante pour les actifs et les comptes publics. En quarante ans, le coût du financement des retraites en pourcentage du PIB a doublé. Les cotisations, qui ponctionnaient en moyenne 15 % des salaires, en représentent aujourd’hui près de 30 %.

Il faut aussi rappeler un principe souvent mal compris du système par répartition : le montant des pensions ne dépend pas des cotisations versées pendant sa carrière, mais de la capacité des actifs à payer pour leurs aînés. Or celle-ci se réduit comme peau de chagrin.

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Demander un effort aux retraités pour réduire les déficits n’aurait rien d’illégitime. Leur niveau de vie est en moyenne supérieur à celui des actifs, notamment en raison du fait que beaucoup sont propriétaires de leur logement. Il s’agit d’une situation inédite dans l’histoire et unique parmi les pays développés. En outre, les sexagénaires épargnent deux fois plus que les trentenaires, et les septuagénaires trois fois plus. Prélever modérément sur le pouvoir d’achat des plus riches n’aurait que peu d’impact sur leur niveau de vie.

Les précautions à prendre pour les petites pensions, qui doivent impérativement être exemptées des efforts budgétaires qui s’annoncent, ne peuvent s’appliquer aux retraités les mieux lotis. Considérés globalement, les seniors ne sont pas des privilégiés, mais prétendre que les plus aisés d’entre eux ne peuvent davantage contribuer au redressement du pays est difficilement soutenable. Du point de vue de l’intérêt général, il est temps de rééquilibrer la dépense publique, notamment en direction de ceux qui supporteront la charge de la dette que la génération précédente leur lègue.

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Le Monde

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