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La confirmation par le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (Integrated Food Security Phase Classification, IPC), un organisme des Nations unies basé à Rome, qu’une famine est en cours dans le gouvernorat de Gaza ne peut surprendre personne. Depuis des mois, les organisations non gouvernementales disposant d’une expertise reconnue sur Gaza et les agences onusiennes, en première ligne depuis que l’étroite bande de terre a été transformée en prison à ciel ouvert, annoncent l’inéluctable. La nouvelle offensive militaire dont l’Etat hébreu menace la ville de Gaza pourrait rendre cette famine encore plus dévastatrice.

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Les faits ne sont guère contestables. Après bientôt deux années de guerre, la destruction par l’armée israélienne de la quasi-totalité des terres agricoles de Gaza, rappelée par un rapport de l’agence des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture publié en juillet, a anéanti la production locale. Cette dernière n’a pas été compensée par une hausse de l’aide alimentaire internationale, bien au contraire. Après avoir décidé sa suspension totale pendant deux mois et demi, au début de cette année, le gouvernement israélien l’a réautorisée, mais sur des bases jugées sans commune mesure avec des besoins de plus en plus critiques.

La mise à l’écart, enfin, des ONG et des agences des Nations unies dans la distribution de cette aide insuffisante au bénéfice exclusif d’une obscure fondation créée et contrôlée par Israël a produit les effets catastrophiques redoutés : des distributions chaotiques et sanglantes. En plus des bombardements israéliens incessants, on meurt désormais à Gaza en essayant d’obtenir un peu de nourriture.

La faim comme une arme

Cette catastrophe humanitaire ne se serait jamais produite si le gouvernement israélien, qui dispose d’une supériorité militaire écrasante, n’avait pas décidé d’user de la faim comme d’une arme. La famine constatée à Gaza n’est pas unique dans les conflits en cours dans le monde, mais c’est la seule qui soit l’œuvre d’un régime démocratique, reconnu comme tel par la totalité du camp occidental, ce qui lui a garanti jusqu’à présent une totale impunité.

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Cette dernière repose principalement sur le soutien rarement assorti de conditions que les Etats-Unis apportent aux autorités israéliennes et sur lequel sait pouvoir compter le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Jusqu’à son départ de la Maison Blanche, le démocrate Joe Biden avait toléré les diktats israéliens en matière d’aide humanitaire à Gaza. L’administration de son successeur, Donald Trump, va encore plus loin dans son appui. Elle a d’ailleurs pris ses distances avec la déclaration de famine de l’IPC, à l’unisson de Benyamin Nétanyahou, qui a dénoncé une opération de propagande du Hamas, la milice que l’Etat hébreu promet d’éradiquer depuis les massacres du 7 octobre 2023.

Le président des Etats-Unis a déclenché par ailleurs une offensive virulente contre la Cour pénale internationale, qui a lancé des mandats d’arrêt à l’encontre du premier ministre israélien et de son ancien ministre de la défense, Yoav Gallant, pour le fait d’utiliser la famine comme méthode de guerre. Les protocoles additionnels des conventions de Genève de 1949 proscrivent pourtant sans la moindre ambiguïté ce qui relève d’un crime de guerre. Cette complicité américaine constitue donc une faute politique et morale.

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Le Monde

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