« L’idée est de faire des bouquins que l’on pourrait acheter nous-mêmes, tout en gagnant assez pour pouvoir fabriquer les suivants » : dans le Morvan, la poésie fait bonne impression

Elle s’appelle Victoria, pèse dans les 700 kilos et fait la fierté de ses deux jeunes propriétaires. Cette presse typographique centenaire en fonte, fabriquée en Allemagne mais qui a fait l’essentiel de sa carrière à l’hôpital de Besançon avant d’être réformée pour avoir beaucoup servi, trône dans l’entresol d’une petite maison aux volets rouge sombre, plantée au numéro 60 de la route du Haut-Folin, dans un petit hameau du Morvan (Bourgogne-Franche-Comté). Autour, des forêts de mélèzes et d’épicéas percées par des étendues jaune vif de genêts, des prés et des brebis. Les voisins, rares et sympathiques, savent que, dans cette pièce de 35 mètres carrés, l’occupant de la maison imprime.

Vincent, qui préfère se faire identifier par son nom de plume, Henri Alain, mais que son ami Célestin de Meeûs appelle « Vinz », a 32 ans. Il est né à Melun, a grandi à Nemours (Seine-et-Marne) et a un peu bourlingué avant de s’installer ici en 2020. La maison appartient à son père, qui l’a lui-même héritée de ses grands-parents parisiens, qui en firent l’acquisition dans les années 1960. En 2017, au retour d’un voyage en Inde qui scella leur amitié, Célestin de Meeûs et Henri Alain ont créé, à Bruxelles, Angle mort, une maison d’édition de poésie qui a donc fini par trouver un toit dans ce coin de campagne française.

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