L’idée d’un référendum sur « un plan d’ensemble » de réduction des déficits avancée par François Bayrou, dont le gouvernement cherche à réaliser 40 milliards d’euros d’économie l’année prochaine, a été accueillie avec circonspection, dimanche 4 mai, par l’ensemble du spectre politique français.
« Quand on réforme par les voies classiques, par le passage en force, que se passe-t-il ? Le pays entre en grève, les manifestations s’enchaînent », a plaidé le premier ministre dans les colonnes du Journal du Dimanche.
« Il n’y a pas besoin de référendum pour savoir que les Français en ont assez des augmentations d’impôts. Et la seule chose qu’on demande au premier ministre, c’est d’avoir enfin le courage de s’attaquer au gaspillage de l’argent public », a réagi sur France 3 Laurent Wauquiez, chef de file des députés Les Républicains, dont la formation participe pourtant à la coalition gouvernementale. « On a un premier ministre qui tergiverse, qui cherche juste à gagner du temps et qui ne décide pas », a-t-il ajouté.
Le coordinateur national de La France insoumise (LFI), Manuel Bompard, interrogé dimanche sur LCI, a jugé l’idée de M. Bayrou « loufoque ». « Quelle question allez-vous poser aux gens ? Vous allez leur soumettre un projet de budget, vous allez leur demander s’ils sont pour ou contre ? Mais alors, qui va avoir élaboré ce projet de budget, M. Bayrou lui-même ? Vous voyez bien que ça n’a rien de démocratique de manière générale », a-t-il commenté.
« Une idée techniquement saugrenue et politiquement contestable », a abondé sur X le député (LFI) Eric Coquerel, président de la commission des finances de l’Assemblée nationale. « L’exécutif ne peut pas contourner plus longtemps la représentation nationale ».
Prérogative du président de la République
Aurore Bergé, ministre chargée de l’égalité femmes-hommes et membre du parti présidentiel Renaissance, ne voit cependant pas dans la proposition « forcément une façon de contourner le Parlement ». « Ça dépendrait de la question qui serait posée », a-t-elle estimé sur RTL et M6.
La position des socialistes ne semble quant à elle pas complètement fermée. « Qu’on interroge les Français sur ce qu’on fait de leur argent, je trouve ça tout à fait sain », a jugé sur Radio J le député PS de l’Eure Philippe Brun, qui a participé aux négociations avec le gouvernement pour le budget 2025.
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Reste que la prérogative de demander leur avis aux Français par référendum appartient au président de la République, qui avait été prévenu de la sortie de cette interview. « Le premier ministre évoque un plan de réformes et d’économies, et il est difficile de dire quoi que ce soit tant que ce plan n’est pas présenté », a sobrement commenté un proche d’Emmanuel Macron interrogé dimanche par l’Agence France-Presse (AFP).
Le référendum tel que l’a esquissé par François Bayrou serait le premier de la Cinquième République à porter sur des questions budgétaires. Les Français ont été consultés pour la dernière fois en 2005, sur la ratification du traité établissant une Constitution pour l’Europe. Le « non » l’avait emporté, mais le président Jacques Chirac avait malgré tout décidé de ratifier le texte.