Torturé et assassiné en 1990 après dix ans d’un régime de terreur, l’ancien président du Liberia Samuel Doe reçoit des rites funéraires vendredi 27 juin. Au quatrième jour des funérailles nationales, des centaines de personnes réunis à Zwedru assistent à la procession des cercueils du couple présidentiel. Mais la dépouille du président Doe n’ayant jamais été retrouvée, c’est un cercueil vide qui sera mis en terre sur la propriété familiale aux côtés de celui de sa femme, Nancy Doe, décédée en mai.
Ces funérailles, les premières que reçoit le président Doe, participent à un « large effort » du gouvernement pour « promouvoir la réconciliation nationale », a écrit sur son compte Facebook Joseph Boakai, le président du Liberia, qui était présent lors de ces rites funéraires.
Les guerres civiles au Liberia sont parmi les conflits les plus atroces du continent africain, avec massacres, mutilations, viols, actes de cannibalisme et recrutement forcé d’enfants soldats. La mort du président Samuel Doe constitue l’un des épisodes les plus macabres des deux guerres civiles qui ont ravagé ce pays d’Afrique de l’Ouest entre 1989 et 2003, faisant 250 000 morts.
Un bout d’oreille arraché
Après une bataille de plusieurs mois pour le contrôle de Monrovia, le président Doe fut capturé en septembre 1990 par les hommes du chef de guerre, Prince Johnson. Dans une vidéo ayant fait le tour du monde, Samuel Doe est torturé – un bout d’oreille arraché. Son corps mutilé sera exhibé dans les rues de Monrovia.
En prenant le pouvoir par un putsch en 1980, Samuel Doe était devenu le premier représentant de populations autochtones à diriger la plus ancienne République d’Afrique subsaharienne, fondée en 1822 sous l’impulsion des Etats-Unis pour des esclaves noirs affranchis, indépendante depuis 1847.
Ce faisant, le jeune militaire de 29 ans mettait un terme à près d’un siècle et demi de domination du pays par les descendants d’esclaves américains. Mais dès son accession au pouvoir, le pays a basculé dans un régime de terreur avec l’exécution en public sur une plage de treize membres du gouvernement renversé.