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Histoires Web jeudi, août 14
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C’est l’histoire d’une chanteuse discrète et troublante, dans le Berlin de l’après-guerre, ville partagée entre alliés occidentaux et russes. La nuit venue, elle se produit au bar L’Orient ou dans un club américain. Les habitués la connaissent sous le nom de scène de « Lydia » ou de « Lydina ». Pour les services de renseignement soviétiques, il s’agit plutôt d’une espionne de haut vol. Sa mission dans cette agglomération en chantier, ligne de front de la guerre froide ? Trouver dans les cabarets de futures « taupes » prêtes à servir Moscou. Militaires, policiers, diplomates, agents… les âmes esseulées et les recrues potentielles ne manquent pas.

Parmi cette clientèle, « Lydia » n’a pas dû être longue à repérer un certain Pierre Chaignot. Ce Français de 24 ans, originaire de Verdun (Meuse), est en poste depuis la fin de 1945 à la brigade de surveillance du territoire de Berlin-Ouest, l’une des antennes délocalisées de la DST, l’ancêtre de l’actuelle DGSI. Naïf, malléable, et a priori sans trop de scrupules, il ferait une bonne taupe au sein d’un renseignement français réputé poreux, car davantage intéressé par les affaires d’épuration que par la chasse aux agents de l’Est.

Dans une série d’articles consacrés à l’espionnage soviétique en France, Le Monde a dévoilé, en janvier, les grandes lignes du parcours de Pierre Chaignot, et montré comment, par ses confidences à Moscou, il avait en son temps provoqué des dégâts considérables dans les rangs de l’espionnage occidental. Or, après la publication de cette enquête, de nouveaux éléments nous sont parvenus, qui permettent aujourd’hui de compléter cette incroyable histoire en cernant mieux le rôle joué par « Lydia » : cette aventurière rompue à la vie clandestine était, en réalité, le personnage central du scénario.

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