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Le tribunal correctionnel de Bobigny a relaxé, jeudi 4 juillet, Mélanie Boulanger, ex-maire de la petite ville de Canteleu (Seine-Maritime), des poursuites pour complicité de trafic de stupéfiants. Si le tribunal a noté un « affaiblissement des garde-fous déontologiques » de l’élue socialiste de 47 ans, il a en revanche considéré qu’il n’y avait dans le dossier aucun « acte positif » susceptible de caractériser une complicité.

L’élue socialiste, qui a démissionné en février du mandat qu’elle détenait depuis 2014, clamait son innocence depuis sa garde à vue d’octobre 2021. Elle démentait avoir favorisé les affaires du clan Meziani, la famille qui tient d’une main de fer le trafic de drogues de sa ville. L’ex-maire socialiste, un de ses adjoints et une quinzaine d’autres personnes, soupçonnées d’avoir participé ou laissé prospérer le narcotrafic dans la commune, étaient poursuivis.

Lundi 24 juin, le parquet avait requis une peine d’un an de prison avec sursis, cinq années d’inégibilité ainsi que 10 000 euros d’amende. Il lui était reproché d’avoir transmis certaines informations aux trafiquants de drogue et d’être intervenue auprès de la police locale.

Le tribunal a en revanche condamné à un an de prison avec sursis son adjoint et amant Hasbi Colak, qui avait notamment prêté sa voiture ayant servi à une transaction de cocaïne en Seine-Saint-Denis, pour « sanctionner les atteintes à la probité en tant qu’élu ».

« La plus terrible épreuve de ma vie »

Ce procès, qui s’est tenu de fin mai à fin juin, devait décortiquer l’emprise du trafic de stupéfiants dans une petite ville de province qui générerait un chiffre d’affaires annuel de plusieurs millions d’euros. Mais le tribunal correctionnel s’est heurté à un bloc de silence de la part des dix-huit prévenus. Peu sont entrés dans le détail et ont décrit la réalité du trafic, tenu selon l’accusation par la famille Meziani. D’autres ont refusé d’être extraits de leur cellule pour se présenter à l’audience.

Selon une estimation conservatrice du tribunal, cette organisation criminelle a généré un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros sur les deux années visées par l’enquête, entre 2019 et 2021. « Le tribunal a constaté une présence quasi-dynastique sur Canteleu, renforcée par les liens d’amitié et de mariages, donnant au groupe délinquant un aspect clanique particulièrement difficile à infiltrer », a déclaré son président, Jean-Baptiste Acchiardi.

À la tête de cette « entreprise délinquante générant des rentrées de capitaux exceptionnelles », Aziz Meziani dit « Le U », le chef de clan en fuite au Maroc, a été condamné en son absence à la peine maximale de dix ans de prison, ainsi que deux millions d’euros d’amende. Tous les autres prévenus du dossier ont été condamnés à des peines allant de deux ans avec sursis à huit ans de prison.

« Ces trente-deux derniers mois ont été la plus terrible épreuve de ma vie. Il va falloir que je me reconstruise (…) mais en étant reconnue innocente », avait déclaré Mélanie Boulanger à la fin des débats. « Quand les actes d’une édile vont permettre de favoriser l’impunité de trafiquants de stupéfiants, on tombe dans la complicité de trafic de stupéfiants », avait à l’inverse assené la procureure, décrivant un « pacte de non-agression » avec l’organisation criminelle.

Lire aussi l’enquête (2022) | Article réservé à nos abonnés Trafic de drogue à Canteleu : « Si vous saviez combien cette ville est gangrenée… »

Le Monde avec AFP

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