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Histoires Web samedi, juillet 12
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En dénonçant, lors du Shangri-La Dialogue à Singapour, le 30 mai, ces « pays révisionnistes qui veulent imposer, sous couvert de sphères d’influence (…), leurs choix de politique étrangère à des Etats libres » et en déplorant l’« érosion d’alliances établies (…), cause d’instabilité », le président Emmanuel Macron visait aussi les Etats-Unis, pas seulement la Russie et la Chine. Un tel discours ne pouvait, certes, être tenu au sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) de La Haye, aux Pays-Bas, les 24 et 25 juin, qui s’est avéré être une étape majeure de l’entreprise de transformation de l’Europe en une sphère d’influence par l’administration Trump.

Héritiers d’une tradition vieille de deux siècles, née avec la doctrine Monroe, les Etats-Unis ont exercé une hégémonie parfois brutale sur l’hémisphère occidental. Mais c’est un tout autre type de relation qu’ils ont installé après 1945, lorsque l’Europe était sous la menace soviétique : un ordre international basé sur la règle de droit, incarné par la Charte des Nations unies ; un transfert massif de ressources grâce au plan Marshall ; le maintien des troupes américaines à la demande des gouvernements d’Europe occidentale. En 1949, l’OTAN sera fondé. L’historien norvégien Geir Lundestad avait qualifié cet arrangement d’« empire par invitation ». L’empressement à le rejoindre des nations libérées du joug communiste confirmait la justesse de l’expression.

Après avoir résisté pendant huit décennies à l’usure du temps, cette « hégémonie bénigne », comme elle était quelquefois appelée, a soudain perdu ce qualificatif, sous le choc de la disruption causée par le second mandat de Donald Trump, le « nouveau shérif en ville ». Une double opération d’emprise se dessine.

Achat d’armement américain

La première est bâtie sur le couplage de sécurité transatlantique, incarné par l’OTAN, seul organe de défense collective sur le continent. A un moment où la menace russe est devenue « existentielle », les Etats-Unis ont posé leur condition : un relèvement à 5 % du PIB, par les Européens, de leurs dépenses de défense. Le sommet de La Haye a avalisé cet objectif, à l’horizon 2035, moyennant un artifice sur le périmètre de cette enveloppe. Pour autant, le président américain est resté fuyant sur la portée de l’engagement des Etats-Unis à appliquer, le cas échéant, l’article 5 du traité de Washington : celui-ci prévoit que si un pays de l’OTAN est attaqué, les autres lui viendront en aide.

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