« Investisseurs chinois achètent votre maison. » Coincés sous les essuie-glaces des voitures, ces prospectus ont inondé les quartiers du sud et de l’est de Madrid depuis qu’en avril, le gouvernement a annoncé son intention d’éliminer les « golden visas » (« visas dorés »), les permis de séjour accordés depuis 2013 aux ressortissants étrangers qui achètent des biens immobiliers pour une valeur de plus de 500 000 euros dans le pays. « Nous allons prendre les mesures nécessaires pour que le logement soit un droit, pas un bien de spéculation », avait alors déclaré le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, incluant la mesure dans un plan destiné à contrer la forte hausse des loyers et des prix de l’immobilier et les difficultés de se loger dans les principales villes du pays. En dix ans, les prix des loyers ont doublé à Madrid. A Barcelone, ils ont bondi de 65 %.
Sept mois plus tard, l’élimination des « visas dorés » vient tout juste d’être approuvée en première lecture au Congrès des députés, jeudi 14 novembre, par le biais d’un amendement inscrit dans une loi « d’efficience de la justice ». Elle devra encore passer devant le Sénat avant son approbation définitive. Et d’ici là, « les investisseurs qui, avant la date d’entrée en vigueur de cette disposition, auraient présenté la demande correspondante, pourront recevoir le visa », précise le texte. De quoi favoriser une nouvelle accélération des demandes.
Ces derniers mois, l’annonce de la fin des « golden visas » a eu l’effet inverse à son objectif affiché : les investisseurs se précipitent pour saisir leur « dernière chance », les demandes d’information bondissent dans les agences spécialisées, et les cabinets de conseil juridique multiplient les campagnes de publicité en direction de leurs clients internationaux. « Les acheteurs sont pressés car il semble qu’en 2025, ces visas n’existeront plus, explique Chen Tianchi, gérant du bureau de Barcelone de l’agence immobilière Eticasa, spécialisée dans le conseil aux acheteurs chinois. Nos clients achètent souvent après une vidéoconférence, sans se déplacer. Nous leur proposons un ou plusieurs appartements pour atteindre les 500 000 euros demandés. Et nous les aidons à gérer les documents qu’ils doivent nous envoyer, notamment sur l’origine des fonds. Les démarches peuvent durer environ deux mois. Pour eux, c’est le plus simple pour obtenir un permis de séjour de trois ans, extensible cinq ans, qui peut ensuite leur ouvrir la porte pour demander la nationalité espagnole. »
Il vous reste 54.68% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.