Un avion affrété par la compagnie vénézuélienne Conviasa en provenance du Honduras, avec à son bord 199 personnes expulsées des Etats-Unis, a atterri lundi 24 mars à 1 heure du matin (6 heures, heure de Paris) au Venezuela, marquant la reprise des vols d’expulsion en provenance des Etats-Unis.
Ces vols avaient été suspendus il y a un mois, les deux gouvernements s’accusant mutuellement de boycotter un accord conclu en janvier. Mécontent du rythme des renvois, le président américain, Donald Trump, avait révoqué à la fin de février la licence accordée par l’ancien président, Joe Biden, au groupe pétrolier américain Chevron pour travailler au Venezuela. Caracas, de son côté, a dénoncé le fait que le département d’Etat américain « bloquait » les vols de rapatriement.
« Les vols reprennent », a déclaré le ministre de l’intérieur vénézuélien, Diosdado Cabello, lundi, à l’aéroport international de Maiquetia. « Si les voyages ont été irréguliers, ce n’est pas du fait du Venezuela. Nous sommes prêts à accueillir les Vénézuéliens où qu’ils soient », a-t-il affirmé.
Il s’agit du quatrième vol acheminant des Vénézuéliens expulsés des Etats-Unis, les deux premiers étant partis d’El Paso, au Texas, le 10 février, suivis d’un autre avec 177 personnes détenues à la prison de Guantánamo, à Cuba, puis rapatriés via le Honduras.
Ce vol survient une semaine après l’expulsion de 238 Vénézuéliens vers une prison de sécurité maximale au Salvador, que le président vénézuélien, Nicolás Maduro, a qualifiée d’« enlèvement ».
« Ennemis étrangers »
Le Venezuela et les Etats-Unis ont rompu leurs relations diplomatiques en 2019, lors de la première administration de Donald Trump, qui a imposé un embargo pétrolier après avoir jugé illégitime la première réélection de Nicolás Maduro, en mai 2018. Washington n’a pas reconnu non plus la réélection du dirigeant vénézuélien à la suite du scrutin de 2024.
Les Etats-Unis accusent les ressortissants vénézuéliens transférés au Salvador le 16 mars d’appartenir au gang Tren de Aragua, classé comme une organisation terroriste par le président Trump. Washington a invoqué une loi de 1798 autorisant l’expulsion sans procès des « ennemis étrangers », ce qui a été jugé également « hautement problématique » par un juge américain. Caracas a dénoncé une campagne de criminalisation des migrants. « Nous aimerions que le prochain appel téléphonique [des Etats-Unis] soit pour la libération de ceux qui ont été kidnappés au Salvador, nous attendons une réponse du gouvernement du Salvador », a poursuivi M. Cabello.
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Depuis 2014, près de 8 millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays, fuyant l’effondrement économique et l’inflation dont le gouvernement vénézuélien rejette la responsabilité sur les sanctions américaines.
L’administration du président Trump a annoncé, dimanche, mettre fin au statut légal de 532 000 migrants latino-américains, sommés de quitter les Etats-Unis d’ici quelques semaines ; des Cubains, Haïtiens, Nicaraguayens ou Vénézuéliens arrivés aux Etats-Unis dans le cadre d’un plan de son prédécesseur, Joe Biden.
Une fois l’ordonnance du département de la sécurité intérieure publiée dans le registre fédéral, les migrants parrainés par ce programme perdront leur protection juridique sous trente jours. Le ministre vénézuélien estime qu’environ 155 000 de ses compatriotes pourraient être affectés.
Depuis février, en comptant le groupe qui a atterri lundi, 1 119 Vénézuéliens ont été renvoyés dans leur pays, dont au moins 566 expulsés par l’administration Trump, et le reste rapatrié par le gouvernement vénézuélien à partir du Mexique, où ils étaient bloqués en route vers les Etats-Unis.