A l’hôpital pour vétérans de Hampton, ensemble de bâtiments en briques rouges et sa chapelle blanche, en Virginie, le portrait officiel de Donald Trump orne le hall, l’allure sombre et l’œil brillant de défi. Les vétérans passent devant le commandant en chef des Etats-Unis dans l’indifférence. L’un d’eux, à la peau noire et à la délicate silhouette courbée, se nomme Charles Wynder, 84 ans. « Nous, les vétérans, on sait que c’est un idiot. Il nous méprise », lâche l’ancien colonel qui a perdu un frère dans la guerre du Vietnam.
Ce vendredi 4 avril, les marchés financiers s’affolent et les dépouilles de quatre soldats américains morts dans un accident en Lituanie sont rapatriées. Donald Trump n’est pas à Dover (Delaware) pour les accueillir. Il joue au golf, sous le soleil de Floride.
La ville de Hampton est posée sur un bras de terre qui fait face à Norfolk, la plus vaste base navale du monde. De là partaient les cargos pour ravitailler l’Europe en guerre contre l’Allemagne nazie. Casquettes blanches d’officiers de l’US Navy, treillis de l’armée de terre, uniformes couleur sable se croisent sur les quais. La Virginie est l’un des Etats qui compte le plus grand nombre de militaires du pays, le premier peuplé de vétérans – ils sont plus de 700 000, soit environ 9 % de sa population. Un poids électoral non négligeable alors que le poste de gouverneur, détenu par les républicains, est remis en jeu en novembre.
Trump s’est fait exempter
Attachés à l’ordre et au drapeau, les seize millions d’anciens militaires votent traditionnellement pour le « Grand Old Party » (GOP) : deux tiers ont encore choisi Donald Trump en novembre 2024, selon l’institut Edison Research ; une proportion stable depuis les années 1980. Mais la relation entre le président et les anciens combattants n’a jamais été simple. « Il n’a pas fait l’armée », rappellent-ils toujours du tac au tac. Donald Trump s’était fait exempter en prétextant une excroissance osseuse au pied, un mensonge pour éviter de combattre au Vietnam.
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