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ARTE.TV – À LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE

Scénario écrit en 1943, film tourné en 1944, projeté en 1945, puis rapidement censuré par le pouvoir stalinien et interdit durant une dizaine d’années. Tel a été le destin étonnant d’un long-métrage soviétique intitulé Des gens ordinaires, dont de nombreux extraits sont diffusés au cours de ce documentaire signé Gil Rabier et Olivier Wieviorka.

Un film de propagande écrit par Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg, destiné à montrer aux foules le courage d’un directeur, des ingénieurs et des ouvriers d’une usine d’avions, obligés, face à l’avance allemande, de délocaliser celle-ci en urgence, de Leningrad à des centaines de kilomètres plus à l’est. Puis contraints de fournir de plus en plus d’avions en dépit des restrictions et du chaos ambiant.

Pourquoi ce film, seule fiction à évoquer l’incroyable organisation mise en place pour prolonger l’effort de guerre, a-t-il été interdit par Staline dès la victoire acquise ? Parce qu’il ne représente ni les hauts dignitaires du régime ni les soldats héroïques. Il montre que le déménagement réussi des usines repose sur le peuple, sa volonté, sa capacité à suivre ses talents d’improvisation.

Décision radicale

Auteur, en 2020, d’un documentaire intitulé Les Nazis et l’argent, Gil Rabier décortique cette fois un épisode méconnu du second conflit mondial, à savoir la manière dont l’URSS a réussi, dans des conditions extrêmes, à maintenir, puis à développer, une économie de guerre. Economie qui, au fil du temps, permettra aux Soviétiques de reconquérir leurs territoires, puis d’aller jusqu’à Berlin.

Cette guerre économique menée par l’URSS, entre 1941 et 1945, pour assurer la production d’armement a débuté par une décision radicale. Dès le 23 juin 1941, au lendemain de l’attaque surprise des troupes allemandes, Staline décide d’évacuer les industries vitales des territoires menacés : sidérurgie, métallurgie, ateliers d’assemblage de tanks et d’avions, fabriques de munitions, centrales électriques, fabriques d’uniformes, stocks de charbon.

Dans le chaos d’une guerre totale, d’immenses convois ferroviaires sont organisés tant bien que mal. Ouvriers et usines de pièces détachées sont transportés loin du front. La première usine à être démontée est située en Ukraine. Dès le 24 juin, le laminoir d’acier blindé pour tanks de Marioupol part vers l’est. Des milliers d’autres suivront et s’installeront dans l’Oural, en Sibérie, au Kazakhstan.

« Front du travail »

A l’aide d’archives filmées et photographiques, mais aussi d’extraits de films de propagande et d’éclairages d’historiens, Gil Rabier analyse cette lutte industrielle et cette incroyable capacité de mobilisation et de résistance d’un peuple en danger de mort.

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A chaque fois que l’armée allemande s’approche d’une ville, les usines se déplacent. Les terribles conditions d’installation, puis de travail, des ouvriers et techniciens sont aussi analysées en détail. Les protestations sont rares. « Dès les années 1930, toute la mobilisation de la société soviétique est une mobilisation guerrière. On ne parle que de front du travail, de soldats de l’industrialisation », rappelle l’historien Nicolas Werth.

« Ce qui est extraordinaire, c’est que, dès l’été 1942, l’économie de guerre a commencé à se redresser de façon spectaculaire, ajoute Richard Overy, historien britannique. A la fin de cette année-là, la production d’avions et de chars surpassait largement celle du Reich. »

Les Usines de Staline face aux armées d’Hitler, de Gil Rabier (Fr., 2024, 87 min).

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