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C’est une vérité connue des contre-espions : ne jamais croire qu’une affaire est totalement résolue. Dans ce milieu où le vrai et le faux se mêlent sans cesse, il faut toujours garder à l’esprit que l’on puisse avoir été berné et qu’il reste des informations à exhumer. Fort de cette certitude, Le Monde a entrepris, à la fin du printemps 2024, une immersion dans les archives du KGB, transmises au Royaume-Uni, en 1992, par un transfuge d’exception : Vassili Mitrokhine (1922-2004). Le gouvernement britannique avait beau avoir orchestré, à partir de 1999, la divulgation d’une partie de cette masse énorme de documents, il devait encore être possible d’y dénicher de vieux secrets.

Plonger ainsi dans le passé des services de renseignement soviétiques aide à comprendre et à mieux cerner les méthodes actuelles des services russes, qu’il s’agisse de la tentative d’empoisonnement, en 2018, d’un ancien agent, Sergueï Skripal, installé dans le sud de l’Angleterre, ou, plus récemment, des actions de sabotage, de déstabilisation politique ou de manipulation des opinions publiques, menées ici ou là après l’attaque lancée en février 2022 contre l’Ukraine. Ces modes d’action viennent de loin, de cette école du KGB dont le président russe, Vladimir Poutine, lui-même fut autrefois l’élève.

Les « archives Mitrokhine », comme il est convenu de les appeler, font écho à de récentes révélations sur les taupes françaises du KGB durant la guerre froide. En octobre 2022, l’ouvrage de trois anciens responsables de la direction de la surveillance du territoire (DST), Jean-François Clair, Michel Guérin et Raymond Nart, La DST sur le front de la guerre froide (Mareuil Editions), offrait un tableau rare sur l’ingérence soviétique au cours de cette période. Au début de l’année 2024, l’hebdomadaire L’Express dévoilait que l’un des anciens directeurs des services français, Philippe Grumbach, mort en 2003, avait longtemps travaillé pour le KGB. Enfin, en mars, dans son livre A la solde de Moscou (Seuil, 176 pages, 19 euros), le journaliste Vincent Jauvert rappelait que des pays « frères » d’Europe de l’Est avaient géré leurs propres « taupes » en France, notamment des journalistes.

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