Pour inaugurer la première conférence scientifique sur les tourbières africaines, lundi 17 février à la Royal Society de Londres, le professeur Simon Lewis n’y est pas allé par quatre chemins : « Comment se fait-il que nous ayons attendu 2025 pour nous pencher sur ce sujet ? s’est-il interrogé. A l’échelle mondiale, les tourbières ne couvrent que 3 % des surfaces terrestres mais elles stockent davantage de carbone que toutes les forêts de la planète. »
Deux raisons peuvent expliquer cette négligence. « La première est qu’aucun chercheur n’a envie d’avoir les pieds mouillés et d’être couvert de boue. J’ai moi-même arpenté pendant dix ans les forêts tropicales et j’ai pris soin d’éviter les marécages et les zones humides. Ou je les ai traversées aussi vite que je pouvais, a avoué le professeur de l’université de Leeds (Royaume-Uni). La seconde est le manque d’argent pour la recherche en Afrique et davantage encore pour les chercheurs africains. »
Les tourbières se forment dans des zones en permanence inondées où les végétaux se sont lentement décomposés à l’abri de l’air pour se transformer en couches de tourbe, épaisses parfois de plusieurs dizaines de mètres. Simon Lewis a fini par s’y arrêter et les travaux menés pendant plusieurs années avec sa collègue Greta Dargie lui ont permis de révéler, en 2017, que la cuvette centrale du bassin du Congo abritait la plus grande tourbière tropicale. Elle atteint une superficie de 145 000 km2, est vieille de plus de 10 000 ans et stocke 30 milliards de tonnes de carbone. Soit l’équivalent de trois années d’émissions mondiales de CO2.
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