« Je vais peut-être en faire un slogan publicitaire pour la saison touristique de cet été : “Pour déconnecter, venez à Montclus”. » S’il garde son sens de l’humour, Benoît Trichot, le maire de cette commune du Gard classée parmi les plus beaux villages de France, n’a plus vraiment envie de rire. Depuis environ trois mois, sa cité est coupée du réseau de téléphonie mobile : le pylône métallique sur lequel étaient installées les antennes des opérateurs télécoms a été démonté pendant les vacances de Noël.
SFR a installé, en urgence, un mât temporaire sur une autre parcelle appartenant à la commune. Mais sa situation n’est pas optimale et la qualité du réseau s’en ressent. M. Trichot et son équipe se démènent pour aider l’opérateur à trouver un site plus adapté, mais, en attendant, pour utiliser leur mobile dans de bonnes conditions, les 180 habitants du village doivent faire plusieurs kilomètres pour capter l’antenne la plus proche.
« C’est comme si nous avions fait un bond de dix ans en arrière, lorsque nous étions en zone blanche », peste M. Trichot, pas vraiment consolé de savoir que des dizaines d’autres villages vivent la même mésaventure.
Pour comprendre, il faut se plonger dans le fonctionnement des réseaux de téléphonie mobile. A l’origine, les antennes sur lesquelles se connectent les portables étaient installées sur les points hauts (pylônes, toits-terrasses, châteaux d’eau…) par les opérateurs eux-mêmes. Mais, au milieu des années 2010, afin de récupérer du cash, trois d’entre eux, Bouygues Telecom, SFR et Free (ce dernier appartient à Xavier Niel, actionnaire à titre individuel du Groupe Le Monde), se mettent à revendre leurs points hauts à des entreprises spécialisées, baptisées « towerco » (« tower companies » ou compagnies de tours), selon un modèle importé des Etats-Unis. Les opérateurs deviennent ainsi locataires des towerco, ces dernières se chargeant de louer les emplacements et de les équiper.
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