Curieux paradoxe. Depuis juin 2024, la Banque centrale européenne (BCE) baisse ses taux d’intérêt directeurs. Elle l’a fait une nouvelle fois, jeudi 6 mars, d’un quart de point, portant les coupes au total de 4 % à 2,5 %. Pourtant, les Etats n’en profitent pas. Les taux d’intérêt auxquels ils empruntent augmentent, mettant en avant l’étrange impuissance de la BCE.
Depuis deux jours en particulier, le feu s’est répandu sur les marchés obligataires. Jeudi, le taux d’intérêt des obligations françaises à dix ans (qui servent de référence) a atteint 3,6 %, son plus haut niveau depuis avril 2011, il y a quatorze ans. Même chose en Allemagne, où le taux est monté à 2,9 %, un sommet depuis 2011 également. En Italie, les taux sont à 4 %, un niveau pas atteint depuis l’été 2024.
Une fois n’est pas coutume, la tension est venue d’Allemagne. Le futur chancelier, Friedrich Merz, qui a remporté les élections du 23 février et négocie actuellement une coalition, a fait deux annonces majeures, mardi 4 mars. Il met fin à des décennies d’orthodoxie budgétaire, en proposant deux grands instruments de relance : un fonds de 500 milliards d’euros sur dix ans (soit 12 % du produit intérieur brut, PIB) consacré aux infrastructures ; une exemption des règles budgétaires allemandes sur les dépenses dans la défense. Au total, c’est une relance « de 1 % à 2 % du PIB par an », selon le cabinet d’études Capital Economics.
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