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Histoires Web vendredi, juillet 5
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LA LISTE DE LA MATINALE

Les sorties de la semaine convoquent leur cortège de spectres en tout genre. Ils sont géopolitiques dans le bien nommé Les Fantômes, premier long-métrage de fiction de Jonathan Millet, où les factions antagonistes de la guerre syrienne se transportent incognito, par voie de migration, jusque sur le territoire français. Avec Pendant ce temps sur Terre, Jérémy Clapin use de la caméra et des crayons pour sonder l’imaginaire endeuillé d’une jeune femme ayant perdu son frère astronaute. Sur le versant comique, Pourquoi tu souris ?, de Christine Paillard et Chad Chenouga, met en scène la débrouillardise sociale comme une grande valse d’identités.

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« Les Fantômes » : réseaux souterrains

Film d’espionnage, thriller sous tension, sans effets de style ni exploitation intempestive des codes ordinaires, le premier long-métrage de Jonathan Millet joue avec les nerfs. Avec simplicité, du moins en apparence, tirant sa force de la réalité dont le film s’inspire, concentrée tout entière sur un personnage dont l’histoire et l’itinéraire comptent pour des milliers d’autres.

Hamid (Adam Bessa) est un rescapé de la prison militaire de Saidnaya, près de Damas – la plus tortionnaire et meurtrière du régime de Bachar Al-Assad. On découvre le jeune homme, en 2016, à Strasbourg, ville frontalière avec l’Allemagne, où lui a été accordé un statut de réfugié. Sa présence en France relève d’une nécessité missionnaire : retrouver son ancien bourreau, dont le visage lui est inconnu, puisque le sien, pendant les interrogatoires, était recouvert d’un sac.

Quête hasardeuse, quasi illusoire à laquelle néanmoins Hamid demeure vissé, accroché comme un naufragé à son radeau. Le film aussi. Qui ne le lâche pas, suivant chacun de ses mouvements, fixant son regard profond, en alerte, attentif aux détails les plus minimes, et qui, à nous, échappent. Cl. F.

« Les Fantômes », film français, allemand, belge de Jonathan Millet. Avec Adam Bessa, Tawfeek Barhom, Julia Franz Richter, Hala Rajab (1 h 46).

« Pendant ce temps sur Terre » : deuil intersidéral

Imaginez un visage comme un rideau, derrière lequel le personnage pourrait cacher tout un monde, voire inviter le spectateur afin de lui confier ses secrets. Ce tour de magie, Jérémy Clapin nous le fait découvrir dès l’ouverture prodigieuse de son second long-métrage, qui plante le décor d’une histoire de deuil à couper le souffle, mêlant prises de vues réelles et animation.

Dans le réel, Elsa accompagne des personnes en fin de vie, dans un établissement dirigé par sa mère. Elle fait leur toilette, les aide à manger, tout en les dessinant dans son carnet. Et voici qu’on bascule vers le dessin animé, sur une planète déserte, que parcourent deux astronautes inséparables. Deux personnages à travers lesquels Elsa se représente elle-même dans l’espace en compagnie d’un frère porté disparu.

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