Ce vendredi 16 mai, dans les couloirs feutrés du service d’information du gouvernement (SIG) règne une agitation inhabituelle. En milieu de matinée, la discrète administration sous tutelle de Matignon, chargée de suivre l’opinion et d’organiser la communication gouvernementale, reçoit la visite inopinée du député « insoumis » de l’Essonne, Antoine Léaument.
L’élu est venu récupérer les sondages commandés par le SIG dans le cadre de la commission d’enquête sur « l’organisation des élections en France ». « Face à la sensibilité du recours par la puissance publique aux sondages, (…) il apparaît nécessaire de faire preuve [de vigilance] (…) vis-à-vis [de leur] coût et [de leur] opportunité », explique l’élu dans son rapport, publié vendredi 6 juin. En France, les sondages gouvernementaux restent confidentiels, contrairement à d’autres pays, comme l’Allemagne, où ils sont systématiquement publiés avec un délai.
Le Monde s’est procuré les quelque 300 sondages diligentés depuis 2022 par le SIG pour le compte de l’exécutif, y compris les éléments supprimés des documents remis au député. Ces coupes portaient sur des réformes récentes : plan contre les déserts médicaux, aide à mourir, référendum sur le budget 2026, mais aussi la perception du niveau de vie des retraités par rapport au reste de la population. Un sujet explosif à l’heure où la contribution des plus âgés est en débat. Interrogé au sujet de ces suppressions, le SIG fait valoir qu’elles concernent « des questions sur lesquelles la décision de l’exécutif est en cours d’instruction, afin d’éviter que leur divulgation ne conduise le Parlement à s’immiscer dans un processus décisionnel de l’exécutif, en méconnaissance du principe de séparation des pouvoirs ».
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