Voilà plusieurs semaines qu’il a commencé à marcher. Cardiologue à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, le professeur Thibaud Damy a quitté son établissement pour trois mois, le temps de réaliser un « tour de France » à pied un peu particulier. Le médecin, spécialiste de l’amylose cardiaque, veut mettre en lumière un sujet qu’il juge essentiel, et encore tabou : la mort et ses répercussions sur les soignants.
Troubles du stress post-traumatique, traumatisme vicariant – c’est-à-dire indirect –, burn-out… Les conséquences de la mort d’un patient sur la santé mentale, il les a lui-même vécues. « Je me suis senti alors bien seul. C’est aussi pour ça que je marche, pour dire qu’un cardiologue, chef d’unité, est tout autant concerné, raconte-t-il. C’est toujours ce que je vois au quotidien pour les soignants, la question n’est pas du tout prise en compte par l’institution. »
Les chiffres qu’il égrène montrent l’évidence : 668 000 Français meurent chaque année, dont 60 % à l’hôpital. Et parmi eux, 80 % ne vont pas en soins palliatifs. « Ils sont donc accompagnés par des soignants “standards”, comme moi, décrit-il. La mort n’est pourtant pas reconnue comme une mission de l’hôpital, ce que montrait déjà un rapport de l’inspection générale de 2009 ! »
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