LA LISTE DE LA MATINALE
Riche en comédies anglophones, cette semaine est aussi celle qui voit arriver sur Arte.tv la série qui a remporté le grand prix de la compétition internationale à Séries Mania 2025. Venue d’Espagne, Querer nous prouve, quelques mois après La Mesias, la très haute tenue de la fiction ibérique.
« Obituary » : noir d’Irlande
Son prénom – Elvira –, ses longs cheveux noirs partagés par une raie impeccable, son teint blafard auraient pu faire de l’anti-héroïne d’Obituary un membre à part entière de la famille Addams. Mais Elvira Clancy n’est que la fille de Ward, l’ivrogne municipal d’une petite ville irlandaise, et ses penchants morbides se heurtent à la banalité apparente d’une existence provinciale. Obituary (« nécrologie », en français) imagine que, dans cette petite ville, un quotidien local dispose d’assez de ressources pour employer Elvira à la rédaction de notices nécrologiques à chaque fois qu’un membre de la communauté passe de vie à trépas.
Certes, on est en Irlande, on peut toujours compter sur l’alcoolisme endémique pour contrebalancer les progrès de la médecine moderne. Reste qu’Elvira est payée à la pige, et que les morts ne la font pas vivre. A rebours de toutes les règles déontologiques, elle décide de combler ce déficit en liquidant les moins méritants de ses concitoyens. A partir de ce postulat, on pourrait imaginer une comédie burlesque et cynique.
Au bout de deux épisodes sur ce tempo, Obituary s’enfonce dans le labyrinthe des secrets refoulés et prend une dimension plus mystérieuse, plus séduisante, portée par l’interprétation joliment ambiguë de Siobhan Cullen. Dans ce microcosme travaillé aussi bien par l’histoire (il reste des armes du temps de la guerre d’indépendance) que par la modernité, Elvira se fraie une voie, macabre et sentimentale. Comme une veillée funèbre irlandaise. T. S.
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