Après trois mois de campagne, les plus de 120 000 adhérents des Républicains (LR) départagent, dimanche 18 mai, les deux candidats à la présidence de leur parti, Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, une élection interne qui pourrait propulser le vainqueur dans la course à l’Elysée.
Les adhérents, qui ont commencé à voter samedi en fin d’après-midi par Internet, ont jusqu’à 18 heures pour désigner celui qui prendra le poste vacant depuis que l’ancien patron, Eric Ciotti, a choisi il y a près d’un an de s’allier au Rassemblement national (RN) lors des législatives anticipées. A midi, le taux de participation était de 63 %, selon la Haute Autorité qui organise le scrutin. C’est la secrétaire générale du parti, Annie Genevard, également ministre de l’agriculture, qui annoncera les résultats en fin d’après-midi au siège parisien des Républicains.
Si Bruno Retailleau est donné favori face à Laurent Wauquiez, le mode de scrutin rend toutefois le résultat incertain : le nombre d’adhérents a quasi triplé pendant la campagne, passant de 43 859 à 121 617, sans qu’il soit possible de déterminer à qui profiteront ces recrutements, menés tambour battant par les deux candidats.
« Avantage Retailleau, mais belle campagne Wauquiez », synthétise un ancien membre des Républicains qui connaît bien son ancienne famille politique. M. Wauquiez se montre confiant : « Je vais créer la surprise », a-t-il affirmé au Figaro.
Une large victoire donnerait au vainqueur un argument de poids pour se lancer dans la course à l’Elysée à droite. Un succès étroit, au contraire, lui compliquerait la tâche pour s’imposer face à des rivaux comme Edouard Philippe, le favori des sondages, voire des soutiens de Bruno Retailleau, à l’image du président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, ou du maire de Cannes, David Lisnard, qui demandent des primaires ouvertes à droite, alors que le Vendéen veut limiter le vote aux adhérents du parti LR.
Propositions très droitières
Laurent Wauquiez ne veut pas entendre parler non plus de primaire ouverte et n’a cessé d’agiter le danger d’une « dilution de la droite dans la macronie » si son président avait une double casquette avec Beauvau, évoquant des « bruits » sur un accord électoral avec Edouard Philippe. Le député de Haute-Loire a d’ailleurs pris les devants, demandant d’ores et déjà un match retour avec Bruno Retailleau l’an prochain pour désigner le candidat LR à l’Elysée.
« De grâce, n’ayons pas tout de suite des obsessions présidentielles qui nous ont coûté cher ! », a répliqué le Vendéen, qui s’est engagé à rester à Beauvau s’il l’emportait, assumant être « un ministre politique, pas un ministre techno ».
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Au sein du socle commun, on suit de près l’élection du président de LR, parti qui a frôlé la disparition lors du départ d’Eric Ciotti et qui a repris des couleurs après son entrée au gouvernement, en septembre 2024, avec l’un des siens à Matignon, Michel Barnier, censuré trois mois plus tard par la gauche et le RN.
Son ancienne porte-parole, la députée Renaissance Maud Bregeon, a ainsi souhaité dimanche sur CNews et Europe1 que « le futur président des LR s’engage à maintenir l’unité du bloc central », semblant plutôt pencher pour M. Retailleau que pour M. Wauquiez qui « regarde davantage du côté de Reconquête ». Parti pris clairement assumé par le député Horizons Frédéric Valletoux, qui a critiqué la « campagne pour rien » de M. Wauquiez, un « homme de tactique » dont « on n’a pas compris quelles étaient les idées ».
Un ton offensif déjà adopté la veille lors d’un meeting à Marseille par son chef de parti, Edouard Philippe, qui a réservé ses attaques au député de Haute-Loire. « Les Français ne sont pas dupes de ceux qui font du trumpisme aux petits pieds en rêvant de ressusciter le bagne du comte de Monte Cristo à Saint-Pierre-et-Miquelon », a ironisé Edouard Philippe, dans un tacle à Laurent Wauquiez, qui a proposé d’envoyer sur cette île les « étrangers dangereux » faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire (OQTF).
Laurent Wauquiez lui a répondu du Puy-en-Velay, où il s’est rendu à la permanence LR du département pour voter sur un ordinateur : « Ce qui me fait plaisir, c’est qu’il a bien compris que moi, je ne ferais pas du tout du en même temps. »
Le patron des députés LR a fait feu de tout bois durant cette campagne avec des propositions très droitières. Erigeant en « modèle pour la droite » l’ultraconservatrice italienne Giorgia Meloni, il a plaidé pour un rassemblement de la droite allant du garde des sceaux, l’ancien LR Gérald Darmanin, à l’eurodéputée zemmouriste Sarah Knafo (à l’exclusion du RN et de ses alliés).