LA LISTE DE LA MATINALE
Cette semaine, le Moyen-Orient en feu et des artistes en majesté. L’Iran et ses citoyennes (et citoyens) en colère contre les mollahs. La Palestine qui se cherche un successeur à Yasser Arafat, mort voici tout juste vingt ans. Ces photographes ukrainiens qui ont fait de leurs clichés un instrument de défi et de résistance. Ce peintre, Gustave Caillebotte, qui donne à voir le vrai et pas forcément gai Paris à l’heure du baron Haussmann et des impressionnistes. Ce musicien, John Williams, qui composa pour le Nouvel Hollywood, dans le sillage de son ami Steven Spielberg.
L’incroyable courage des contestataires du régime iranien
Après la mort de l’étudiante kurde Mahsa Amini, le 16 septembre 2022, sous les coups de la police, « pour quelques mèches s’échappant de son voile », le réalisateur iranien Shooresh Afkari est parti tourner un an et demi dans son pays pour donner à voir l’incroyable courage des membres du mouvement contestataire « Femme, vie, liberté ». Tous espèrent faire chuter la République islamique, instaurée en 1979, et recouvrer la liberté de se déplacer, de s’habiller, de rire et de chanter. Mitra, étudiante de 18 ans, sort ainsi tête nue pour retrouver Arash, 19 ans, qu’elle n’a pas le droit d’aimer ; Kaveh, chauffeur de taxi de 28 ans, est, lui aussi, prêt à prendre tous les risques ; sa mère, Fatemeh, s’inquiète, mais continue à mettre du vernis à ses ongles ; quant au docteur Sobhani, il soigne les manifestants clandestinement, toujours sur ses gardes.
Le reportage va montrer à quel point les risques sont réels, en dépit des précautions prises : pseudonymes, floutage des visages, cadrage des lieux qui évite de les identifier. Pour compenser cette « pauvreté » volontaire de l’image, des illustrations de Thomas Headley sont régulièrement incrustées à l’écran, ce qui apporte une touche de poésie au film, oscillant entre tristesse – « ce fardeau trop lourd que portent les Iraniens », selon Mitra – et espoir : « Dès la chute du régime islamique, je serai de retour dans mon pays », assure Shooresh Afkari. C. Pa.
Iran, les visages de la colère, documentaire de Shooresh Afkari et Virginie Plaut (Fr., 2024, 52 min). Disponible à la demande sur LCP. fr jusqu’au 8 septembre 2027.
La trajectoire hors du commun de Yasser Arafat
C’était il y a tout juste vingt ans. Le 11 novembre 2004, usé par une vie de luttes, de clandestinité, d’exil, et sans doute par la désillusion de n’être pas parvenu à voir naître un Etat palestinien, Yasser Arafat rendait les armes à l’hôpital militaire de Percy, à Clamart (Hauts-de-Seine). Loin de la terre où il affirmait être né, en 1929 – même si sa naissance est attestée au Caire –, et d’un peuple dont il aura incarné pendant un demi-siècle le combat pour la reconnaissance de ses droits.
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