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Histoires Web jeudi, novembre 28
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L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

On attendait de pied ferme le premier long-métrage d’Alexis Langlois, qui nous avait déjà gratifiés d’étincelants courts et moyens-métrages parfaitement inoubliables, et dont les seuls titres nous donnent une idée assez nette de son envie de secouer le cocotier du cinéma français : Fanfreluches et idées noires (2016), A ton âge le chagrin c’est vite passé (2017), De la terreur, mes sœurs ! (2019). Un cinéma queer, d’un kitsch qui vous explose aux yeux, et dont chaque film est encore chargé de l’énergie du tournage, cette grande fête célébrant des corps et des visages que vous ne verrez pas ailleurs.

Réalisateur postmoderne et ultra-référencé, on reconnaît la patte Alexis Langlois à ce qu’elle organise la rencontre fracassante entre culture populaire et choses plus savantes : la télé-réalité et Fassbinder, Britney Spears et Kenneth Anger, Mariah Carey et John Waters, Werner Schroeter et l’esthétique Instagram. Pourquoi faire le tri ?

Sélectionné à la dernière Semaine de la critique cannoise, Les Reines du drame commence en 2055 : Steevyshady (Bilal Hassani), un youtubeur botoxé, revient pour ses fidèles abonnés sur le destin incandescent d’une star de la pop, Mimi Madamour (Louiza Aura), et de son histoire passionnée avec l’icône punk Billie Kohler (Gio Ventura).

En surrégime permanent

Ambition, casting, gloire et descente aux enfers : le film file le long d’une narration on ne peut plus classique de « rise and fall movie » pour mieux la dynamiter de l’intérieur par un fourmillement d’images, de pastiches et d’hommages : là un clip ressemblant à Britney Spears, une parodie du télécrochet la « Nouvelle Star », une vidéo YouTube, un plateau télé, concert de pop ou de metal. Le monde est une scène où se joue une clandestine passion lesbienne : car comment aimer une femme lorsqu’on est une star de la pop, tout ce qui a de plus mainstream et, a priori, de plus hétéro ?

On pense évidemment à l’Almodovar période movida : comme lui, Alexis Langlois envisage la trame d’un film comme une toile pop qui organise toutes les images stockées dans le cerveau de cet enfant des années 2000. Cinéma, Internet, télévision : son rapport au réel est médié par un torrent de références qu’il faut digérer, recycler, parodier. L’image tient lieu de monde, qu’elle soit celle de la déchéance d’une popstar, un poster dans une chambre d’adolescente, une paparazzade – on reconnaîtra en Mimi Madamour, un hommage appuyé au destin brûlé de Britney Spears.

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