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« Mes valeurs n’ont pas changé » : quand les responsables politiques tiennent ce genre de propos, ils suggèrent bien souvent qu’ils ont changé d’avis. Ainsi en est-il de Kamala Harris, candidate démocrate à la présidence des Etats-Unis pour l’élection du 5 novembre, qui a expliqué le 29 août, sur le plateau de la chaîne CNN, qu’elle ne prônait plus un bannissement total de l’extraction de gaz et de pétrole par la technique de fracturation hydraulique (fracking).

Mme Harris avait pris cet engagement fin 2019, lors de son éphémère campagne à la primaire démocrate pour la présidentielle de 2020, puis s’était faite discrète sur le sujet, soutenant la position attentiste du président Joe Biden. « En tant que vice-présidente, je n’ai pas banni le fracking ; en tant que présidente, je ne bannirai pas le fracking », a-t-elle déclaré à CNN.

Comment expliquer ce changement de pied par rapport à 2019 ? Si elle veut espérer emporter la présidentielle, Kamala Harris doit absolument gagner l’Etat-clé de la Pennsylvanie, haut lieu d’exploitation du gaz de schiste. Aussi argue-t-elle désormais que toute interdiction est inutile. « Nous pouvons croître, et développer une économie florissante basée sur l’énergie propre sans interdire la fracturation hydraulique », a-t-elle expliqué.

L’adoption de l’Inflation Reduction Act en 2022

La candidate démocrate rejoint ainsi une position de plus en plus consensuelle aux Etats-Unis, portée notamment par John Kerry, qui fut l’envoyé pour le climat de Joe Biden, et selon laquelle la science et la technologie résoudront la crise climatique, dans un pays où le concept de sobriété n’existe pas. Mme Harris se vante d’avoir apporté, en tant que vice-présidente, le vote décisif pour permettre l’adoption de l’Inflation Reduction Act (IRA), le plan massif de subventions à la transition énergétique de Joe Biden. C’est techniquement vrai, mais politiquement faux : l’adoption de ce texte à l’été 2022 est surtout due au revirement du sénateur démocrate de Virginie occidentale Joe Manchin, en échange notamment de concessions sur la construction d’un pipeline pour désenclaver son Etat.

Lire aussi l’éditorial (en 2022): Aux Etats-Unis, une bonne nouvelle pour le climat

En réalité, le sujet du climat n’a pas été abordé à la convention démocrate de Chicago. Il faut dire que les sujets liés à l’environnement ont coûté cher aux démocrates. Joe Biden a commencé par interdire la construction du pipeline Keystone XL reliant le Canada au golfe du Mexique, puis a refusé certains permis de forer sur les terres fédérales. Sans en être la cause, ces mesures ont été concomitantes avec l’envolée du prix du pétrole (liée à la crise due au Covid-19, et accélérée par l’invasion de l’Ukraine en février 2022), en juin 2022, provoquant la colère de la population. A la pompe, le prix du gallon (3,78 litres) était alors monté à plus de 5 dollars (4,50 euros) ; il est, depuis, retombé à 3,22 dollars.

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